Les podcasts, le média qui a le vent en poupe
Une belle histoire de podcasts !
© Pixabay.
Et qui voilà avec nous ? C’est Élodie Chabrol ! Nous l’avions déjà vue, elle nous parlait du super festival de communication scientifique Pint of Science !
Aujourd’hui, elle est de retour avec nous pour nous parler de son intérêt pour les podcast ! Un média qu’elle utilise elle-même, puisqu’elle en a déjà créé trois : « Sous la Blouse », « Under the Lab Coat » et « Scimple » ! En effet, le podcast explose aujourd’hui, c’est un média qui plaît énormément. Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui marche si bien dans le podcast ? Quels sont les atouts ? Et les inconvénients ?
Laissez Élodie vous expliquer tout cela !
Avant les podcasts, quelques mots sur Élodie
La maman de Pint of Science
Élodie Chabrol est une ancienne chercheuse, qui a décidé d’arrêter la recherche en 2017 pour se dédier entièrement à la communication scientifique. Elle est en effet entrée dans ce domaine en 2013. Le jour de la Saint-Valentin pour être très précise. Ce jour-là, elle recevait un mail de personnes en recherche de volontaires pour organiser le festival Pint of Science à Londres.
Élodie était donc impliquée dans le festival avant même qu’il soit créé. D’ailleurs, réjouissons-nous, cette année 2023 correspond à la 10ème édition du festival en France ! J’espère que vous aurez l’occasion d’y participer…
© Élodie Chabrol.
Communiquer les sciences et rendre les publics autonomes et réfléchis
Nous l’avons vu avec la pandémie de COVID19, les publics manquent encore beaucoup d’informations. Or, c’est extrêmement important que les citoyen.ne.s puissent prendre leurs décisions en sachant sur quoi elles se basent.
C’est vraiment l’une des principales raisons pour laquelle Élodie Chabrol a souhaité s’investir intégralement dans la communication scientifique. Elle veut faire en sorte que les scientifiques et les publics se rencontrent. Une façon de s’assurer qu’il y a bien un lien de confiance qui se crée. C’est l’objectif principal du festival Pint of Science : permettre à tout à chacun de rencontrer et d’échanger avec un.e scientifique. C’est ainsi se rendre compte que ce sont des « gens normaux », mais surtout avec des parcours et des histoires très variés.
Les scientifiques sont des personnes uniques, comme tout le monde. Les échanges rendent donc également les podcasts uniques et différents d’un épisode à l’autre.
Se faire plaisir et faire plaisir aux autres avec les podcasts
Une expérience pas si récente
Élodie fait, en réalité, des podcasts depuis longtemps. Elle a notamment commencé en 2017 lorsqu’elle était dans l’équipe de Podcast Science. Une première petite expérience qui lui a beaucoup plu, mais qu’elle a finalement dû arrêter par faute de temps.
Elle s’y est remise plus tard avec The Meta News et son podcast Le Déclic. C’était alors son premier vrai podcast où elle pouvait entrer en contact avec des personnes, les questionner… mais elle ne touchait pas encore à la partie vraiment technique de l’audio.
En 2021, avec la pandémie, c’est la panique pour l’organisation de l’événement Pint of Science. Difficile de prendre une décision : le festival pourra-t-il avoir lieu en présentiel ? C’était donc beaucoup de stress pour Élodie Chabrol. C’est dans la création de ces podcasts qu’elle va pouvoir se détendre et se faire plaisir…
© Élodie Chabrol.
Un contenu qui lui ressemble, bien à elle
Cela fait 2-3 ans qu’Élodie travaille en freelance. Elle était alors en train de construire un guide de communication scientifique pour un client et était très frustrée de ne pas être suffisamment libre de proposer ses idées.
Le podcast était donc une manière de s’approprier concrètement un média. De pouvoir créer quelque chose bien à elle, avec ses propres règles, ses propres sujets, la longueur qu’elle souhaite, les invités qu’elle souhaite… Bref, la liberté !
De plus, cela faisait quelques temps qu’elle voyait beaucoup de clichés sur les scientifiques. Oui, les chercheurs peuvent être des chercheuses. Oui, parfois ce sont des personnes qui se sont mises aux sciences et à la Recherche un peu tard… Bref, oui, les chercheurs sont des humains ! Il y a des humains sous la blouse. D’où la naissance du premier podcast « Sous la Blouse », qui sera ensuite suivi de son homologue anglais « Under the Lab ». Le petit dernier « Scimple » vient de naitre et donne la parole aux communicant.e.s scientifiques.
Un média intimiste
Le choix du podcast ne s’est pas fait au hasard. Élodie n’aime pas spécialement écrire. C’est pour elle une charge mentale trop importante, qui lui prend beaucoup de temps. De même, la vidéo est un média qui demande énormément de travail en termes d’éditions.
En revanche, avec le podcast, c’est possible de créer du contenu quand on veut, où on veut… Il n’y a pas besoin de faire attention à son image.
Le podcast est donc un média très intimiste où les personnes interviewées osent plus facilement s’exprimer. Elles se sentent effectivement dans une bulle. Ce n’est pas rare d’ailleurs qu’on avoue à Élodie que « c’est la première fois que je parle de ce sujet publiquement ». En vidéo, ce n’est pas toujours aussi facile de se laisser aller. On est beaucoup plus dans le contrôle de soi-même et de son image. La vidéo oblige à de la représentation.
C’est aussi un média intimiste en termes d’enregistrement et de publication. Les personnes écoutent lors d’un moment de vie. En créant un podcast, on fait donc partie, l’espace d’un instant, de la vie des auditeurs. Ce qui est accentué par le fait que les podcasts « Sous La Blouse », Under the Lab Coat » et « Scimple » sont d’abord des discussions.
Créer des podcasts : beaucoup de libertés
Un média assez facile à prendre en main
Avant de se lancer dans la création de ses podcasts, Élodie Chabrol établit une liste des personnes qu’elle souhaite interroger. Elle se pose beaucoup de questions, notamment sur les sujets qui intéresseraient vraiment les auditeurs. Qu’est-ce que ces derniers souhaiteraient découvrir comme profils ? Dans tous les cas, Élodie veut rester dans l’idée de montrer la diversité des sciences. Diversité des profils, diversité des parcours, diversité des domaines… Elle choisit donc des personnes très variées, qui ne font pas toujours le même travail. Élodie interroge des doctorants, des post-doctorants, des chercheur.e.s installé.e.s… Des personnes qui sont autant dans les sciences sociales que dans les « sciences dures ».
Pour « Scimple », Élodie cherche à présenter les différents métiers de la communication scientifiques. Ce qu’elle essaie de montrer c’est la diversité des personnes : leurs parcours de vie, leurs missions, leurs inspirations…
Le but c’est vraiment d’avoir de nombreux portraits différents pour que les auditeurs puissent plus facilement s’identifier. Ils découvrent aussi qu’il n’y a pas qu’une seule voie qui mène aux sciences et à la recherche. Par contre, elle essaie d’éviter les « success stories » qui risquent de desservir son objectif : permettre aux auditeurs de s’identifier.
Au niveau de l’aspect plus technique, Élodie a commencé à enregistrer au début de manière plutôt artisanale. Elle s’est ensuite équipée d’un micro USB, puis d’un enregistreur à main avec 2 micros pour réaliser des podcasts itinérants et légers. Les enregistrement, quant à eux, sont fait majoritairement en ligne avec Zencastr.
Des avantages et des inconvénients
Le principal inconvénient du podcast c’est qu’il n’y a pas de visuels. Ceci peut être problématique quand on souhaite faire de la vulgarisation. Pour Élodie Chabrol, cependant, ce n’est pas un véritable frein, puisqu’elle réalise des interviews.
L’autre chose à prendre en compte, c’est la popularité du média. C’est à la fois une force, puisque le podcast est apprécié. Cependant, cela peut aussi être un inconvénient, car on peut avoir du mal à percer. Il faut donc bien réfléchir à sa ligne éditoriale, au moment de sa sortie et, bien sûr, à la communication !
© Élodie Chabrol.
Quelques petits conseils…
Veinard.e.s ! Élodie vous donne des astuces si vous souhaitez vous lancer !
La première chose, c’est de faire votre benchmarking. Regardez ce qui existe déjà pour pouvoir réfléchir à un contenu original. De plus, il ne faut pas s’arrêter seulement au premier épisode, il faut vraiment établir une stratégie à long terme. Et cela passe notamment par la réflexion de son nom et de son concept.
En outre, il faut penser à la diffusion et la promotion des épisodes avant même leur création. Quels seront les réseaux sociaux ? Quels seront les partenaires ? Des questions à bien se poser car c’est très frustrant de se dire qu’on a passé beaucoup de temps sur un épisode pour très peu d’écoutes. D’ailleurs, si on choisit un sujet de niche, il faut bien être conscient qu’on ne touchera pas une audience large.
Enfin, il faut se lancer ! Et surtout ne pas s’arrêter aux questions matérielles. On peut faire de très bons épisodes même si on n’a pas d’équipements de professionnel. Il faut juste s’assurer que le son est bien. Un micro kit main libre peut très bien faire l’affaire !
Et, l’astuce du pro’… Choisissez un.e invité.e avec le.la.quelle vous vous sentez bien pour le premier épisode (un.e ami.e par exemple). Cela vous permettra d’être plus à l’aise et de vous lancer plus facilement.
À l’heure des bilans, quoi retenir des podcasts ?
Beaucoup de positifs : lier l’utile à l’agréable
Élodie Chabrol est ravie puisqu’elle n’a obtenu que des retours positifs. Elle prend donc encore plus de plaisir, tant à les créer qu’à les partager. Les podcasts semblent aussi faire beaucoup de bien aux auditeurs.
En outre, les podcasts n’offrent pas que du loisir et du plaisir, mais aussi de l’utile. Certain.e.s professeur.e.s les utilisent ainsi en classe pour présenter à leurs élèves des personnalités scientifiques. Une bonne manière pour eux de comprendre comment on devient scientifique. Apprendre cela à beaucoup touché Élodie.
Elle a beaucoup de retours. Elle a même obtenu de nouveaux contacts grâce à certains épisodes de « Sous La Blouse » et plus seulement grâce à Pint of Science. Et pourtant, les écoutes sont bonnes, mais pas extraordinaires. Elle a obtenu un peu plus de 12 000 écoutes pour seulement une dizaine d’épisodes.
C’est toutes ces raisons qui motivent à continuer et à proposer des choses qui ont un vrai impact sur la vie des gens.
Des podcasts dans un monde de la communication scientifique en évolution
Le monde de la communication scientifique est en plein chantier. Beaucoup de nouvelles choses se mettent place, notamment pour les financements des projets de recherche. Malgré tout, il manque encore de supports et de formations, mais c’est en train de se mettre en route. Il y a notamment de plus en plus de formations en communication scientifique dans les écoles doctorales. Les scientifiques confirmé.e.s et installé.e.s apprennent aussi de plus en plus à communiquer.
Il faut continuer d’encourager les scientifiques à valoriser leurs travaux et leurs projets. Pour cela, on peut notamment proposer des récompenses.
Une autre piste de réflexion est à creuser auprès des revues scientifiques. C’est important d’avoir un résumé grand public des articles scientifiques.
Dans tous les cas, la communication scientifique a un bel avenir devant elle !
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