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Quand les vidéastes scientifiques s’installent sur Youtube

Transmettre les sciences en vidéos : la mission des vidéastes scientifiques

 

Youtube et les vidéastes scientifiques, une histoire d’amour ?

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© Flickr.

On continue notre dossier sur l’intérêt de Youtube pour partager les sciences. Après avoir vu ce qui faisait le succès de la plateforme Youtube, laissons maintenant la parole à celles et ceux qui l’utilisent.

J’ai tenu à aller à la rencontre de trois d’entre eux. Tania Louis, Pleen Le Jeune et Jonathan Lafont ont joué le jeu et répondu à quelques questions. Iels nous offrent leurs expériences et leurs retours sur la plateforme et sur ce qu’elle apporte pour la communication scientifique.

En prime, vous aurez aussi quelques conseils si vous souhaitez vous lancer !

Comment les vidéastes scientifiques transmettent-ils les sciences ?

 

Les vidéastes scientifiques, d’abord des communicant.e.s scientifiques

Des parcours variés, guidés par l’amour des sciences

Ce qui est passionnant avec les sciences et la communication scientifique, c’est la diversité des parcours et des personnes rencontrées. C’est une des choses que j’essaie de vous montrer et de vous partager à travers ces différents articles. J’adore échanger avec ces communicant.e.s si différent.e.s. Malgré tout, ielles ont tout.e.s un point commun : l’amour des sciences !

Tania Louis, pour commencer, est docteure en virologie moléculaire. Pleen, quant à lui, est doctorant.e en sciences sociales. Des domaines très différents, certes, mais d’une grande richesse. Enfin, Jonathan Lafont a validé un master en paléontologie. Il nous fait rêver en parlant des mondes du passé et de fossiles sur la chaîne Paléo J ! Plus de recherche pour nos trois invité.e.s. Iels se sont lancé.e.s à leur compte. Tania en tant que médiatrice et conceptrice de contenus pédagogiques, Pleen s’est investi dans les sciences de l’éducation et a co-fondé l’association Éphiscience qui mêle philosophie et sciences. Enfin, Jonathan a également créé son auto-entreprise en tant que vulgarisateur et se spécialise en particulier dans les contenus vidéos.

Iels sont finalement tombé.e.s dans la communication scientifique, parfois un peu par hasard. Ce qui est intéressant de noter c’est l’attrait que revêt la Fête de la Science. Elle a suscité beaucoup de vocations !

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© Jonathan Lafont

Des communicant.e.s vidéastes !

Tout.e.s les trois ont, bien entendu, leur propre chaîne Youtube. Sur sa chaîne éponyme, Tania y présente notamment de nombreuses expériences ludiques et pédagogiques que l’on peut refaire à la maison. Pleen avec sa chaîne EduKey décortique les sciences de l’éducation et donne la parole aux enseignant.e.s. Enfin, Jonathan avec sa chaîne Paléo J, nous parle de l’histoire très ancienne et pleine de mystères de la vie sur Terre et brise de nombreuses idées reçues !

Se lancer dans la vidéo scientifique n’est pas évident. C’est une question de curiosité, de hasard, mais aussi d’opportunités. Tania déménageait à l’autre bout de la France après sa thèse, à la recherche d’un emploi dans la culture scientifique. Elle cherchait également une activité de communication scientifique qu’elle pouvait faire seule et sans ancrage géographique. La vidéo, c’était donc une occasion d’apprendre et d’obtenir de nouvelles compétences valorisables sur le marché du travail. De plus, la vidéo est un format qui se développe assez rapidement et qui permet de toucher une large audience. Cela aide donc à faire bénéficier les savoirs au plus grand nombre.

La vidéo est également très visuelle. Elle permet donc d’illustrer concrètement les sciences. C’est donc très pertinent pour montrer les « sciences en train de se faire » et les réalités du terrain. Ce média est technique, mais, une fois pris en main, on acquiert des connaissances en animations, en techniques de tournage et surtout, en créativité !

 

Youtube, LA plateforme des vidéastes scientifiques ?

Une plateforme pour toucher une large audience

C’est vrai qu’il existe d’autres plateforme vidéos. À l’époque de leur démarrage, (mal)heureusement, on ne va pas se mentir, c’était Youtube la plus connue et utilisée. C’était donc difficile de passer à côté si on voulait proposer du contenu vidéo au plus grand nombre… Quand on se lance et qu’on ne connaît pas encore son cœur de cible, Youtube reste la plateforme la plus pertinente. En effet, elle touche une audience vraiment très large. Elle offre également une crédibilité auprès des institutions. Elle ouvre donc plus facilement des portes pour des collaborations.

De plus, avant de se lancer dans un tel projet, on étudie la question. Les benchmarking, nos trois vidéastes les ont surtout réalisés sur… Youtube ! C’est donc plus facile de se lancer sur cette plateforme ensuite. D’autant plus qu’elle est facile d’utilisation et intuitive pour les créateur.trice.s. Il est aisé de personnaliser la chaîne avec des playlists, des visuels…

Aujourd’hui, cependant, la question du choix de la plateforme se pose plus avec les percées de Twitch et Tik Tok. J’en profite pour un peu d’auto-promo d’ailleurs… N’hésitez pas à découvrir mon compte Tik Tok où je parle Disney et sciences !

 

Une plateforme parfois semée d’embûches

Certes, Youtube est facile d’utilisation. Malgré tout, nos vidéastes mettent en garde. Youtube présente aussi des difficultés. Tout d’abord, il y a le modèle économique de la plateforme. N’importe qui peut poster des vidéos. Cependant, toutes ne remonteront pas, seules celles qui plaisent seront à la une. Ce n’est donc pas toujours facile d’avoir de la visibilité quand on débute. Il faut arriver à se démarquer, tant à travers la forme, que le fond. La régularité est également essentielle pour Youtube. C’est important de sortir souvent des vidéos, mais ce n’est pas évident de créer de la qualité.

La plateforme est en effet très opaque dans son fonctionnement, dans son algorithme ou encore dans ses tendances. Il faut être prêt.e à subir les changements de la plateforme. D’autant que les vidéos qui fonctionnent parfois le mieux sont celles avec des propos un peu chocs, putaclics. Ce que ne sont pas forcément les vidéos de sciences. Pour ce qui est de la rémunération, il faut un certain nombre d’abonnés et de la publicité. Mais dans tous les cas, cela rapporte assez peu.

Il n’y a pas que des inconvénients à Youtube, heureusement ! Grâce à la visibilité de la plateforme, avec seulement quelques milliers d’abonnés, il y a déjà plein de possibilités qui s’offrent aux vidéastes. Tania a ainsi eu la possibilité d’intervenir dans des émissions sur France Culture, mais également dans des événements de communication scientifique. Et ce n’est pas un cas isolé. D’après l’une des enquêtes qu’elle a réalisé auprès des vidéastes scientifiques, près de la moitié ont été invités à intervenir dans des événements en tant que vidéastes culturels. Cependant, il n’y a généralement pas de rémunérations. Les interventions concernent le plus souvent des tables-rondes ou des conférences.

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© Tania Louis.

 

La création vidéo : de nombreuses expériences à acquérir

Les vidéastes scientifiques de vrai.e.s créateur.trice.s

La vidéo est un média qui a le vent en poupe. Il plaît beaucoup, mais il n’est pas toujours facile à développer.

Quand on décide de se lancer, on doit en réalité cumuler de nombreux métiers. Or, on est souvent seul.e, il faut donc se débrouiller avec les rôles d’acting, de cadrage, d’éclairage, de son, de montage… Il est donc nécessaire d’apprendre la technique, en plus de l’écriture. Cette dernière va beaucoup conditionner les publics. Au départ, les vidéastes scientifiques peuvent attirer les publics un peu par hasard et finir par trouver leur style, soit iels l’ont déjà, dès le départ.

C’est également un média qui prend beaucoup de temps. Il faut être prêt.e à investir du temps pour la création et l’apprentissage. Par contre, on peut les remobiliser sur plein d’autres plateformes, telles que les réseaux sociaux. Il faut par contre les adapter à chaque format pour toucher d’autres publics.

Pour ce qui est de la communication scientifique, la vidéo offre la possibilité d’incarner le message, surtout si on est « face caméra ». La vidéo montre la personnalité du vidéaste scientifique et la mise en scène peut aider à faire passer les messages.

Finalement, le maître mot à la vidéo est : créativité !

 

Un processus de création bien rodé

Il faut tout d’abord trouver un sujet et donc avoir suffisamment de ressources pour s’assurer de la véracité des informations transmises. Les rencontres avec les expert.e.s scientifiques sont également très pertinentes. Pleen Le Jeune discute souvent avec des professeurs pour comprendre les sujets qui les intéressent. Il cherche ensuite des sources scientifiques en lien avec ce sujet. Tania également traite des sujets qui l’intéressent et cherche toujours des sources primaires (articles scientifiques) pour se documenter. Elle n’hésite pas non plus à s’adresser à des expert.e.s. Jonathan Lafont suit le même schéma et ajoute aussi une recherche sur les contenus existants, afin de savoir ce que les publics lisent et voient.

Une fois le sujet choisi et documenté, il y a tout un travail d’écriture. Cela peut prendre du temps. Parfois, il faut laisser mûrir le projet et y revenir plus tard, parfois il faut plusieurs allers-retours avec les expert.e.s du sujet… Dans tous les cas, il faut essayer de dégager un fil rouge qui aidera les publics à suivre et commencer à organiser le montage vidéo.

Vient ensuite le tournage avec tout son matériel dédié. Et enfin, le montage. La dernière étape parfois trop délaissée et pourtant essentielle est la promotion de la vidéo. Cela peut se faire notamment via les réseaux sociaux.

 

Quelles compétences avoir pour être vidéastes scientifiques ?

Pour finir cet article, rien de tel que quelques conseils pratiques !

Si vous souhaitez devenir vidéaste scientifique, il faudra vous armer de patience ! La résilience est très importante parce que cela peut être frustrant de passer énormément de temps sur une vidéo qui aura finalement peu de vues. Il faut donc être solide psychologiquement et ne pas avoir des attentes démesurées. Si vous souhaitez faire du « face caméra », il vous faudra aussi être à l’aise avec votre image, votre voix… Ce n’est pas anodin, surtout quand on est une femme sur Internet !

La rigueur et l’honnêteté scientifique sont aussi très importante pour s’assurer de transmettre des informations véridiques. N’oubliez pas de recouper vos sources ! La curiosité est aussi essentielle ! Il faut avoir envie d’apprendre et de découvrir de nouvelles choses. C’est particulièrement vrai pour les techniques de la vidéo qui, on l’a vu, sont multiples.

Enfin, faites preuve de créativité ! Ayez un peu de sens artistique. Le support audiovisuel est très créatif, avec plein de possibilités.

En bref, mieux vaut être passionné.e ! Cela se ressent dans les vidéos et c’est une grande aide pour la vulgarisation scientifique…

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© Ephiscience

 

Et vous, que pensez-vous de la vidéo pour transmettre les sciences ?

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1 commentaire

  1. […] départ, Science Bestiale a investi YouTube. En effet, François Verheggen a beaucoup de curiosité pour ce média. Se sentait-il capable de se […]

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