Peut-on continuer à faire de la communication scientifique pendant le confinement ?
Le confinement, le temps de l’innovation en communication scientifique…
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Depuis plus d’un mois maintenant, nous sommes, majoritairement, confiné.e.s chez nous. C’est principalement vrai pour les communicant.e.s scientifiques. En effet, si vous êtes dans la médiation scientifique, ce n’est clairement pas le meilleur moment pour des rencontres face public… Pour autant, le confinement ne rime pas avec l’arrêt de la communication scientifique !
Bien au contraire ! La communication scientifique prend tout son sens dans une telle crise ! Elle est véritablement essentielle pour assurer une bonne circulation des informations (correctes et vérifiées), pour garder le lien avec les sciences (un bel exemple avec la continuité pédagogique), pour garder le lien avec les publics… La communication scientifique s’épanouit !
Ainsi, la vulgarisation (pour rappel, communication scientifique unilatérale) a le vent en poupe. Les vidéos, articles, threads Twitter… pullulent. L’aspect inédit de cette période pousse effectivement beaucoup de personnes en lien avec les sciences (scientifiques ou simples amateur.trice.s, dans le sens « positif » du terme) à tester, essayer, créer… Cet engouement a vu aussi de nouveaux dispositifs naître pour transmettre les connaissances.
Pour autant, une question me taraude. Si je n’ai pas de doutes sur un maintien de la vulgarisation scientifique, qu’en est-il de la médiation scientifique ? Est-elle toujours présente ?
La communication scientifique en confinement, un catalyseur d’innovations
Une période propice à l’innovation
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La communication scientifique prend vraiment tout son sens pendant cette période de confinement ! L’un de ses rôles premier, garder le lien des publics avec les sciences, est primordial ! Elle permet aussi de continuer à transmettre, notamment pour permettre cette fameuse « Continuité Pédagogique (je ne débattrai pas ici de son efficacité, qualité, égalité… etc. Je dirai juste, qu’elle a, au moins, le mérite d’exister).
Outre ces rôles très importants, la communication scientifique va aussi permettre de divertir ! Elle permet de susciter de l’intérêt et de l’émerveillement quand certain.e.s peuvent se sentir déprimé.e.s ou esseulé.s… L’un des rôles d’origine de la vulgarisation est, à mon sens, d’émerveiller et susciter de la curiosité.
Le confinement est donc le moment rêvé pour se lancer dans la communication scientifique, pour la faire briller et résonner ! C’est le moment pour être innovant.e.s, pour faire des essais, inventer de nouvelles façons de transmettre les connaissances. Plusieurs communicant.e.s se sont lancés, tel.le.s que Julien Bobroff, et il.elle.s ont remarqué que ces essais sont plutôt bien perçus par les publics. Ces derniers sont indulgents et compréhensifs face aux petits ratés qui peuvent survenir. Ces initiatives sont souvent inédites, elles nécessitent donc forcément des mises au point.
La vidéo et la visioconférence à l’honneur
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Parmi ces initiatives, nous retrouverons, logiquement, beaucoup de nouvelles chaines et vidéos, mais aussi des visioconférences. Les « sciences en live confinées » sont à la mode (et appréciées).
Ainsi, Estim Médiation propose des Rencontres Pro Confinées tous les jeudi sur Twitter. Une manière pour les communicant.e.s de partager leur quotidien, et leurs innovations, pendant le confinement. Les membres du Café des Sciences proposent aussi souvent des lives, notamment avec la plateforme Twitch.
De nouvelles et nouveaux vidéastes se lancent dans la conquête de la vidéo de sciences ! C’est notamment le cas de Jamy qui propose des petites bouffées d’oxygène avec ses « capsules de déconfiné ».
Il y a également un joli travail en équipe de la part de la communauté de la communication scientifique. Plusieurs se sont ainsi regroupé.e.s pour créer la plateforme Sciences en live qui a pour vocation de faire se rencontrer scientifiques et publics. Chaque semaine, la plateforme propose donc plusieurs lives scientifiques, sur divers thèmes et disciplines.
Une belle appropriation des réseaux sociaux pendant le confinement
Les réseaux sociaux sont le « tiers-lieu » idéal pour ce confinement. Ils facilitent l’animation de la communauté : débats, échanges d’opinions… Et aussi, divertissements ! Avec, notamment, les quiz qui font fureur !
Twitter se prête très bien aux questionnements et débats. Le réseau est aussi plébiscité pour proposer des images mystères et des quiz. Eric Chapelle, @ericchapelle2, pose ainsi régulièrement des questions d’astronomie et prend ensuite le temps de développer les réponses au sein de threads détaillés. Les stories Instagram sont également indiquées pour les quiz. Cap Sciences et Curieux! l’ont bien compris…
Les communicant.e.s utilisent aussi les réseaux pour encourager leur communauté à être active. Des initiatives les poussent notamment dans des missions qui sont proches de celles demandées en sciences participatives. Ainsi, Ludmilla encourage ses abonné.e.s à mettre à profit le confinement pour observer et découvrir la biodiversité qui les entoure. Il.elle.s peuvent ensuite partager leurs découvertes avec le mot-clé #BiodiversitéÀLaMaison. Beaucoup d’organismes proposent aussi de (re)découvrir les oiseaux, notamment grâce à leurs chants, que nous entendons d’autant mieux que l’activité est ralentie.
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Y-a-t-il vraiment de la médiation scientifique en confinement ?
La communication scientifique en confinement : assurer la circulation de l’information
Les sciences sont sursollicitées pendant cette crise sanitaire. Il y a également une circulation importante des fake news. La communauté scientifique a donc un rôle important à jouer. Elle se doit d’être le garant des informations qui circulent. Elle doit les vérifier, les encadrer et faire le lien avec les journalistes. Entre ces acteurs, la collaboration est primordiale, puisque ce sont les médias qui vont assumer le rôle de médiateurs auprès des publics. Savoir si ce rôle est correctement assumé ferait, en réalité, l’objet d’un article à part entière…
La communication scientifique informe et transmet des informations aux citoyen.ne.s, elle les divertit également. Cependant, y a-t-il encore, dans cette communication d’urgence, de la place pour la formation ? Pour l’apprentissage de la démarche scientifique et de l’esprit critique ?
La communication scientifique en confinement suscite de nouvelles interrogations
Je pense que nous pouvons le dire, le confinement réinvente presque la communication scientifique, ses tenants et aboutissants. Il suscite donc de nouvelles interrogations :
- Comment (ré)inventer la médiation ?
- De quelles manières continuer à toucher les publics ?
- Comment s’adresser à eux ?
Sur ce dernier point, il faut effectivement faire très attention aux termes employés, ainsi qu’à son ton et sa gestuelle (dans le cadre des vidéos, live ou non). Chaque mot, en particulier lorsque l’on parle du Covid, doit être réfléchi et expliqué, pour ne surtout pas augmenter l’angoisse et alimenter, sans le vouloir, les fake news et autres rumeurs…
Pour autant, peut-on vraiment parler de « médiation scientifique » ? Y a-t-il vraiment des échanges bilatéraux des savoirs ? Des échanges entre « sachants » et « non sachants » ? Certes, il y a beaucoup de commentaires et des discussions, notamment sur les réseaux, mais s’agit-il vraiment d’échanges de connaissances et de vécus entre des médiateur.trice.s et des publics ? Ces publics, d’ailleurs, ne sont-ils pas relativement « homogènes » ? J’entends par là, ne s’agit-il pas majoritairement d’un public relativement aisé et averti ? Qu’en est-il « des autres » ?
Conclusion (Ce qu’il faut retenir)
Après plus d’un mois de confinement, nous pouvons le constater, les initiatives pour communiquer les sciences, diffuser des savoirs… Bref, pour garder le lien scientifique ont bien fleuri ! L’Amcsti les a regroupées dans une liste (non exhaustive).
Beaucoup de communicant.e.s profitent de cette période exceptionnelle pour innover, proposer de nouveaux dispositifs originaux permettant de garder le lien avec les sciences. C’est effectivement un moment rêvé pour s’autoformer, monter en compétences sur des sujets qui nous ont toujours passionnés ou pour lesquels nous avions peu de temps à consacrer. C’est aussi l’occasion de prendre en main de nouveaux outils afin de diffuser les sciences autrement.
Pour autant, une question demeure. Ces initiatives de communication scientifique peuvent-elles prétendre être de la médiation scientifique ? Cette dernière est-elle vraiment possible à conserver ? Si oui, comment (ré)inventer notre rapport aux publics ?
Quelles innovations vous paraissent les plus abouties et intéressantes pendant cette période ? Avez-vous testé, créé de nouveaux dispositifs ?
Sources :
- « Communication et culture scientifique en temps de crise » par Ludmilla, publié le dans Ludmilla Science le 2 avril 2020 ;
- « Débat : en confinement, réinventons la vulgarisation scientifique ! » par Julien Bobroff, publié dans The Conversation le 1er avril 2020 ;
- « Le CNRS doit être au rendez-vous de la communication scientifique » par le Journal du CNRS, publié le 10 avril 2020 ;
- « Les comptes à suivre pour faire des découvertes scientifiques pendant le confinement » par Nelly Lesage, publié dans Numerama le 4 avril 2020.
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[…] Communiquer les sciences doit être un vrai plaisir. Cela doit produire sur les publics un véritable émerveillement sur ce qu’ils apprennent, sur les savoirs obtenus sur le monde vivant… Pour le.la communicant.e, l’objectif est donc de partager cet émerveillement ! […]