Procès de l'IA, Théâtre, Robot, Médiation Scientifique

Le procès de l’IA : la médiation scientifique par le théâtre

Transmettre des connaissances en divertissant : l’objectif du procès de l’IA

 

Le procès de l’IA. Entrez dans les coulisses…

Procès de l'IA, Théâtre, Robot, Médiation Scientifique

© The Conversation.

Bienvenue en 2050. Bordeaux Macropole est en plein scandale… Les habitants viennent d’apprendre que Martin Nasmushe, le Président de Bordeaux Macropole, est en fait… un robot ! La société est gouvernée par une Intelligence Artificielle (IA) !

Voici le contexte dans lequel se place le procès de l’IA à Bordeaux. Rassurez-vous, il s’agit en réalité d’une mise en scène. Le confinement ne vous a pas fait sauter de 2020 à 2050 et le maire de Bordeaux est toujours Nicolas Florian (pour l’instant)… Ce procès est donc une pièce de théâtre qui a pour but d’amener les publics à se questionner. D’ailleurs, vous, voudriez-vous être gouverné.e par une IA ?

La question est posée. Suivez-moi maintenant dans les coulisses de ce dispositif de médiation scientifique original et innovant créé par la Compagnie de Théâtre Primesautier et l’Université de Bordeaux. Le collectif Tous en Sciences, la région Nouvelle Aquitaine, le média The Conversation, l’INRIA, le laboratoire Gretha et Cap Sciences sont également partenaires.

 

Un procès de l’IA théâtralisé pour diffuser des connaissances

Un dispositif co-construit par des chercheurs et comédiens

Ce procès de l’IA a été mis en scène dans le cadre du Facts Festival de 2019, le festival arts et sciences de l’Université de Bordeaux, qui avait pour thème « Human Reboot ». Son but était de faire réfléchir aux utilisations de l’IA dans notre société aujourd’hui. Et pourquoi 2050 ? Pour faire le lien avec Bordeaux Métropole 2050.

Pour attirer le grand public, le storytelling était très important. Il fallait une mise en scène cohérente, pleine de rebondissements et de suspens afin que le public soit plongé au cœur de l’intrigue et ait envie de prendre part aux débats. La fiction a donc été construite de façon précise, complète pour arriver à l’apothéose : la macropole est gouvernée par une IA.

Pour rendre l’histoire crédible, les créateurs ont vraiment voulu créer un vrai procès. Le président, ses assesseurs, le procureur (accusation), la Défense et le jury étaient présents. La venue des témoins et des experts à la barre amène du dynamisme.

Il fallait également un dispositif de médiation scientifique crédible. Donc à la fois des connaissances précises à transmettre et un outil pertinent pour les transmettre. Pour cela, les chercheurs et la troupe de théâtre ont travaillé ensemble. Les comédiens ont joué le rôle de médiateurs. Ils ont permis de faire le lien entre scientifiques et publics et ont aidé à imaginer la manière de transmettre les savoirs. Les comédiens ont accompagné les scientifiques dans la transmission et la communication des connaissances. L’humour véhicule de manière efficace les connaissances. Ce dernier est en effet un très bon support. Il rend la pièce très abordable, éviter de s’ennuyer et ancre les connaissances dans du concret.

Transmettre des savoirs scientifiques

Pourquoi utiliser le théâtre pour diffuser des connaissances ? Nous en avions déjà parlé, ce support est très efficace pour transmettre les savoirs. Il permet de susciter des questionnements et d’avoir des moments de pause (sketch, comique de répétition, entracte…) pour les digérer.

Le procès théâtralisé de l’IA est donc un prétexte pour faire parler des chercheurs sur les avancées de l’IA. Une manière de les décomplexer et un bon moyen pour les publics de recevoir ses connaissances. Le théâtre biaise en effet les codes de la conférence : le public s’instruit s’en vraiment s’en rendre compte et passe avant tout un très bon moment. L’enjeu était notamment de faire dialoguer différents chercheurs, et uniquement des chercheurs. Une manière de dénoncer ces « experts » que nous voyons en permanence sur le devant de la scène. Des scientifiques masculins sur-représentés qui parfois mélangent sciences et fiction. Ce qui est le début de la création des « fake news »… Nous le voyons bien actuellement…

Les membre du jury font le lien entre ces scientifiques et le public. Ils vont questionner les scientifiques pour aider à la transmission des connaissances et aider à la vulgarisation des termes scientifiques. Il est en effet important de les faire connaître aux publics. Cependant, il faut les expliquer.

 

Un procès de l’IA pensé pluridisciplinaire

Ce procès de l’IA a été pensé de manière pluridisciplinaire. Il est très intéressant de constater que l’IA mobilise différents types de sciences (pour rappel, les sciences sont plurielles) : robotique, neurobiologie, informatique, juriste, philosophie, économie, littérature… Cette pluridisciplinarité aide également à atteindre à objectif important : replacer les sciences dans la société. Recréer le lien entre sciences « dures » et sciences sociales.

Ce dispositif est aussi un bon moyen de faire se rencontrer et échanger les publics, les scientifiques de différents domaines… Ils se découvrent, partagent…Une véritable émulation se crée avec la possibilité de création de nouveaux projets, de nouvelles découvertes…

Enfin, c’est une aide pour le chercheur. Je le rappelle, le travail de vulgarisation amène le chercheur à savoir pour quoi il travaille, à prendre du recul, à envisager d’autres pistes, d’autres scénarii… Bref, il est bénéfique !

 

Beaucoup de questions soulevées par ce procès de l’IA

Comme tout bon dispositif de médiation scientifique, ce procès de l’IA soulève beaucoup de questions. La forme théâtrale permet de mettre en place un débat sur l’IA et amène à s’interroger sur différents concepts. Qu’est-ce que l’intelligence ? Accepterait-on d’être gouverné.e par une IA ? Quel(s) rapport(s) veut-on avec l’IA ? Comment traiter la question de la responsabilité ? Des questions à se poser aujourd’hui pour construire la société de demain…

L’enjeu n’était pas de donner des réponses aux publics, mais de les amener à se poser les questions dans le débat démocratique. À se réapproprier ces interrogations. À les remettre au cœur des sciences, afin qu’ils puissent participer en pleine conscience à la construction de la société et qu’ils puissent se forger une opinion solide pour lutter contre les infox véhiculées par cette « boîte noire » de l’IA.

 

Conclusion (Ce qu’il faut retenir)

Procès de l'IA, Théâtre, Robot, Médiation Scientifique

Ce procès de l’IA est un dispositif très original. Il a été bien ficelé, pensé et mené. Je ferai une mention spéciale pour la grève des robots et le témoignage glaçant de Nao…

En revanche, une question m’a taraudée. Les créateurs avaient-ils la volonté d’en faire une pièce participative ? Si c’était le cas, malheureusement ce n’était pas réussi, puisque les spectateurs n’ont pas pu intervenir et prendre part aux questionnements. Ils sont restés plutôt passifs. Et c’est dommage. J’aurai aimé que des citoyen.ne.s représentent vraiment le jury, cela aurait renforcé cette volonté d’inclusion et de sciences pour toutes et tous.

Il n’en reste pas moins que j’ai passé un très bon moment ! À l’instar d’autres spectateurs, à qui je laisserai la parole pour finir cet article.

« C’était Intéressant d’avoir des approches pluridisciplinaires : de la technique, de l’humain du juridique… ».
« Cette pièce est très complète, elle présente des facettes de la recherche qui sont traitées de façon vulgarisée et avec humour ce qui les rend facile d’accès ».
« Le sujet est passionnant et amusant. Les thématiques sont importantes. La fiction a largement précédé les questionnements actuels (Star Trek retrace exactement ce qui se passe ce soir). La SF a posé des questions pertinentes, elle a interrogé par des expériences de pensée qui sont devenues actuelles aujourd’hui ».

Le procès de l’IA a eu beaucoup de retours positifs et un bon relai dans la presse diverse. Se pose maintenant la question : comment faire vivre ce projet ? Comment le faire perdurer ? Comment en faire un véritable outil de méditation ? Vous avez deux heures…

 

Avez-vous entendu parlé de ce procès ? Y avez-vous assisté ? Le théâtre vous paraît-il un bon moyen pour communiquer ?

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3 commentaires

  1. Merci pour cet article précieux et excellent

  2. thank you very nice website article
    thank you for sharing

  3. thank you very nice website

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