Comment communiquer les sciences facilement ?
Communiquer les sciences n’est pas inné.. Quelques conseils à suivre !
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Communiquer les sciences, les résultats, les savoirs est essentiel aujourd’hui. Nous l’avons bien vu pendant cette crise sanitaire notamment. Tous les acteurs de la chaîne sont concernés : communicant.e.s, journalistes et… scientifiques bien sûr !
Il est urgent que les scientifiques sortent de leur tour d’ivoire ! Lutter contre les « fake news » et autres théories du complot est important et, qui de mieux placé pour cela que les scientifiques ? Ils sont un maillon essentiel pour rétablir la vérité, initier les publics à la démarche scientifique et surtout éveiller leur esprit critique.
Comment réussir ce tour de force ? Communiquer ! Mais attention, pas n’importe comment ! La communication scientifique n’est pas innée et il convient de suivre quelques règles pour qu’elle se déroule au mieux.
Communiquer les sciences efficacement en s’adaptant aux publics
(Re)connaître ses différents publics
Pour une communication scientifique réussie, il est important de bien connaître ses publics. Quel âge ont les personnes visées ? Des adultes, des scolaires, des touts petits ? Leur capacité d’attention, leur niveau de connaissance et leurs intérêts ne seront absolument pas les mêmes. Il faut donc se renseigner sur les personnes rencontrées ou ciblées (notamment dans le cas de contenus écrits, tels que les blogs, où il est possible de choisir librement ses publics).
Une fois les publics identifiés, il faut réfléchir à la manière de transmettre les informations. On ne s’adresse pas de la même manière au grand public ou aux pairs. Pour les premiers, ce qui les intéresse c’est d’abord de comprendre quels impacts auront les travaux de recherche sur la société. Pour les deuxièmes, en revanche, ce sont principalement les méthodologies, les découvertes ou encore les conclusions qui vont les intéresser.
Adapter la transmission des informations aux différents publics
L’adaptation de la transmission des connaissances passe par différents moyens :
- Une adaptation du vocabulaire ;
- Une adaptation du support. Il n’y a pas que le Power Point dans la vie ! Il ne faut pas hésiter à utiliser la vidéo, la BD ou les articles de blog.
Dans tous les cas, l’important est de rendre les sciences accessibles à tous, sans pour autant sur-simplifier. La meilleure astuce ? Tester son discours sur un tiers (son neveu, grand-mère, facteur) et ajuster son discours en fonction de leurs retours.
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Communiquer les sciences simplement
Attention à ne pas employer de jargon
Ce n’est pas toujours évident d’abandonner son discours et son vocabulaire scientifique quand on veut communiquer. Pourtant, c’est important d’apprendre à s’en détacher. En effet, ce dernier peut avoir un aspect contre-productif. La communication scientifique a pour but de démystifier les sciences, de montrer les sciences en train de se faire ou encore de permettre aux citoyen.ne.s de se réapproprier les connaissances et les recherches. Or, l’utilisation de trop de mots « savants », peut donner aux publics l’impression d’être incompris ou stupides.
Par contre, utiliser le jargon est tout à fait possible si on prend la peine de l’expliquer. C’est aussi le rôle de la communication scientifique d’expliciter les mots spécifiques. Il ne faut pas hésiter à donner des détails, mais aussi des exemples pour ancrer la connaissance dans du concret, la rendre plus parlante. Pour une communication écrite, on peut renvoyer vers des sites ou des ouvrages qui proposent une définition claire du mot ou de la notion en question. En revanche, si l’on ne souhaite pas expliquer le « jargon », il faut le remplacer par des synonymes ou des analogies de la vie courante.
Attention particulièrement au « jargon caché » ! Il s’agit de termes employés par les scientifiques, mais qui ont une signification toute autre dans la vie courante. Cela peut par exemple être les mots tels que “modèle”, “sensibilité” ou encore “expression”.
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Communiquer les sciences en racontant une histoire
Et si on transmettait les sciences en racontant une histoire ? En effet, il sera beaucoup plus facile de faire passer des messages si on les présente sur fond de « story-telling ». La démarche scientifique se prête très bien aux histoires d’enquête et d’énigmes à résoudre. En ajoutant quelques images et métaphores, ainsi que du contexte socio-historique, on peut ancrer les recherches dans le vécu de son audience. Cette dernière suivra beaucoup plus facilement et s’intéressera d’autant plus aux savoirs transmis.
La touche finale pour séduire son public ? Mettre de l’humain dans la communication scientifique ! Les scientifiques sont des humains avant tout. Ils connaissent des réussites, des échecs… Les partager permet de créer de vrais liens avec son public. Enfin, il vaut toujours mieux essayer d’être concis et d’aller à l’essentiel. Ce n’est pas la peine de chercher à être exhaustif. Il faut seulement bien choisir le message que l’on souhaite transmettre.
Communiquer les sciences avec un support adapté
À l’oral, on peut être tenté d’utiliser un Power Point avec une tonne de slides, pleines à craquer de textes. Le public risque de ne plus écouter, car il sera occupé à lire les pavés de textes (parfois truffés de jargon). De même, il faut se méfier des graphiques ! Certes, ils sont parfois très importants pour illustrer les travaux, mais il faut être capable de très bien les expliquer. Chaque axe, chaque courbe, chaque légende doit être expliqués et remis dans le contexte, autrement ces graphiques deviendront un handicap, puisque le public perdra le fil en essayant de les comprendre par eux-mêmes.
Enfin, ce qui est évident pour l’un, ne l’est pas forcément pour les autres. Un exemple éloquent est celui des ordres de grandeur. Pour un néophytes des picogrammes ou des milliers d’hectares ne parlera pas forcément. Il faut donc les traduire avec des images ou des métaphores que tout le monde pourra comprendre. Ainsi, il sera possible de transformer les hectares en terrains de foot, les tonnes en nombre d’éléphants…
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Communiquer les sciences demande une bonne préparation
Réfléchir à la conception de sa communication
Une communication scientifique peut prendre plusieurs aspects. Il faut donc décider de la manière dont on souhaite la réaliser. Est-ce que ce sera un événement ? Un exposition ? Une présentation orale ? Un article écrit ? Combien de temps durera-t-elle ? 10 minutes ? Une heure ? 1 journée ? 1 mois ? À vie (article) ?
En fonction des réponses à ces questions, il sera possible de choisir le support le plus adapté à sa communication. Et surtout, il sera possible d’adapter le planning et le temps nécessaire à sa création.
Réfléchir aux objectifs de sa communication
Communiquer pour communiquer n’est pas la fin en soi. Ce qui importe c’est de savoir pourquoi on veut communiquer. Pour transmettre des connaissances et des savoirs particuliers ? Pour sensibiliser les publics à une cause particulière ? Chercher à faire passer un message (comme par exemple le fait que les filles sont aussi parfaitement aptes à faire des sciences) ?
Dans tous les cas, il faut prendre garde à ne pas s’éparpiller. Ne pas chercher à tout dire, autrement les messages seront brouillés et l’audience ne saura plus ce qu’elle doit réellement retenir. Globalement, la règle d’une communication efficace est : 1 communication = 1 message. Il faut tâcher de ne conserver qu’un seul but : faire comprendre une notion, sensibiliser sur un sujet, éveiller la curiosité…
Communiquer en amont… sur sa communication scientifique
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Avant tout communication scientifique, il faut communiquer dessus ! Prévenir qu’elle existe ! Pour cela, il y a plusieurs outils à disposition : les réseaux sociaux (Twitter, Linkedin, Facebook ou encore Instagram si cela s’y prête), les événements spécialisés, tels que Pint of Science, FameLab, PubHD, la Fête de la Science ou encore la Nuit des Chercheurs, les médias écrits, tels que The Conversation ou un blog ou encore la communication interne dans les laboratoires ou le bouche-à-oreille.
S’il n’y a pas de promotion, il risque de ne pas y avoir de communication…
Par contre, il ne faut pas non plus communiquer n’importe comment.. Une erreur récurrente lorsque l’on est très enthousiaste est de faire beaucoup de « teasing ». En soit, c’est une bonne chose, puisque cela éveille la curiosité des publics, qui vont envie d’en savoir plus. Cependant, attention aux pièges que le « teasing » peut recéler. S’il est mal fait, il risque de sur-vendre ou de mal vendre la communication scientifique. S’en suit alors une audience déçue, qui pourrait ne pas vouloir revenir.
Communiquer les sciences en soignant sa communication scientifique
Attention à la forme !
Pour être percutant, aussi bien à l’écrit qu’à l’oral, on peut suivre quelques astuces… Tout d’abord, essayons d’écrire majoritairement à la forme active. Il vaut mieux éviter les formes passives, dont les articles scientifiques sont friands, car elles suppriment toute forme de personnalisation. Osons le « je » !
Un point qui est parfois trop négligé est le titre. Au contraire, il est très important et doit être choisi avec minutie. Il ne doit notamment pas vendre autre chose que la communication. Pour bien prendre le temps de la réflexion, il vaut mieux ne pas le créer en premier. En revanche, il ne faut pas le créer à la toute fin non plus, car il sera nécessaire à la campagne de communication, réalisée, comme nous l’avons vu, en amont.
Plus c’est long, plus c’est bon ?
Une bonne communication scientifique ne rime pas forcément avec une présentation d’une heure ou un article de 3 pages. Au contraire, chaque format à son intérêt.
Les formats courts seront utiles si l’on souhaite éveiller la curiosité et conserver l’attention des publics et autres lecteurs jusqu’au bout.
Les formats longs seront plutôt privilégiés lorsque l’on souhaite approfondir un sujet, notamment auprès de personnes qui y sont déjà un peu sensibilisées.
Dans tous les cas, il faut chercher à avoir des contenus aérés, dynamiques et avec des illustrations parlantes. L’introduction doit être soignée, pour donner envie d’en savoir plus. La conclusion aussi doit être travaillée, pour être sûr que le message sera bien compris et retenu. Tant à l’oral, qu’à l’écrit, il faut mettre en gras les mots-clés. Enfin, lorsqu’on rédige un texte, il faut le structurer avec des paragraphes et des sous-paragraphes, tous titrés.
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Conclusion (Ce qu’il faut retenir)
Ce qu’il faut retenir de cet article, c’est que la communication scientifique est extrêmement importante aujourd’hui. Elle est essentielle pour combler le fossé qui se creuse entre les scientifiques et la société. Pourtant, elle n’est pas innée et, pour une communication efficace, il convient de suivre quelques bonnes pratiques.
Tout d’abord, il faut apprendre à connaître ses publics et adapter ses supports et messages en fonction d’eux. Cette adaptation comprend également le vocabulaire employé : attention au jargon !
Ensuite, il faut prendre le temps de bien concevoir sa communication. La planifier, fixer des délais et soigner les détails : le fond, la forme, le titre. Essayer de la rendre la plus attractive et parlante possible en y incluant son vécu, ses anecdotes, de l’humour… Montrer que les scientifiques sont d’abord des êtres humains comme tout le monde !
Enfin, il ne faut pas hésiter à faire savoir à la terre entière que la communication existe ! Utiliser les réseaux sociaux, les collègues, les blog… Tous les moyens qui existent pour communiquer sur sa communication scientifique.
À vous de communiquer les sciences !
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Sources :
- Communication scientifique, mode d’emploi. Agent Majeur, 24 juin 2019.
- Communiquer la science : comment écrire pour ne pas être compris. Michael J.I. Brown, The Conversation, 12 février 2016.
- La Communication Scientifique. Jean-Paul Laurent, décembre 2015.
- Le Guide du Vulgarisateur Galactique. Collectif Conscience, 2018.
- Les clés pour réussir sa communication scientifique. Sébastien Carassou, 22 février 2017, British Council.
- Rendre compte de sa recherche de façon captivante ! Pédagogie collégiale, vol 18, n°3, mars 2005.
merci pour cet article très intéressant