Hermine Hémon, une traductrice passionnée
© Hermine Hémon.
Avant de commencer l’article de cette semaine, j’aimerais tout d’abord vous faire une petite annonce.
Depuis la création de ce blog, je vous ai présenté plusieurs dispositifs de communication scientifique, plus ou moins innovants et originaux. Aujourd’hui, je commence à faire un peu le tour (sauf si vous avez d’autres idées à me suggérer 😉 ) et j’aimerais donc recentrer la ligne éditoriale sur les témoignages d’acteurs et d’actrices de la communication scientifique et sur des chroniques de livre de vulgarisation scientifique (n’hésitez pas à me suggérer des titres d’ailleurs !).
Pour inaugurer ce (re)nouveau, je vous propose de découvrir Hermine Hémon. Elle est traductrice et co-créatrice de Lucca Éditions, dont je vous ai déjà parlé plusieurs fois ! Hermine va pouvoir nous parler de son intérêt pour la science et surtout nous faire découvrir ce métier de traductrice qui, pour ma part, est très méconnu.
En quoi la traduction développe la curiosité ?
Hermine Hémon, traductrice et co-créatrice de Lucca Éditions
Avant de se lancer dans un univers plutôt littéraire, Hermine Hémon a passé un bac S. Pour autant, elle n’avait pas de réelles vocations pour les sciences, en revanche, elle adorait les langues. Elle s’est donc inscrite dans un cursus d’anglais (LLCE), puis est partie en Irlande du Nord pour être assistante de langue étrangère pendant deux ans. Une bonne façon de savoir si elle aurait aimé enseigner ou non. Finalement, l’éducation, ce ne sera pas pour elle non plus et elle préfère continuer avec un master des métiers de la littérature de jeunesse à Lille. C’est dans ce cursus qu’elle fait la rencontre de Sandrine Harbonnier, directrice de Lucca Éditions.
Hermine a réalisé des stages en librairies jeunesses et anglophones. Elle travaille également avec ActuSF, d’abord pour réaliser des interviews, puis, de fil en aiguille, pour traduire des textes. Des actions qui lui permettent de garder un pied dans la SF et la Fantasy. En parallèle, elle se lance avec Sandrine dans la création de la maison d’édition.
Si elle a décidé de s’investir dans cette co-création, c’est parce que le projet l’intéressait beaucoup. Il avait notamment cette originalité, issue directement de la culture anglo-saxonne, de mélanger science et fiction. En effet, dans la culture française, on a plutôt l’un ou l’autre. Les documentaires manquent donc d’un petit quelque chose en plus… Sandrine et Hermine ont donc voulu introduire cette culture en France et ont fait plusieurs recherches dans des textes anglais ou américains, en lien avec la ligne éditoriale.
Le roman, un bon dispositif pour transmettre les savoirs
Ce qui est très intéressant avec les romans, c’est qu’ils ont un côté très prenant, ils apportent du mystère, du fun… Les lecteurs peuvent rentrer plus facilement dans l’histoire et donc obtenir plus facilement les connaissances contenues dans les livres.
Les romans donnent un côté plus rassurant que les documentaires. Les lecteurs savent que dans les documentaires ils vont forcément y trouver des connaissances, ce qui peut être un peu angoissant. Avec les romans, les lecteurs se laissent prendre en jeu. Ils plongent dans l’histoire, grâce aux astuces des romans et engrangent les connaissances sans s’en rendre compte. Ceci les aide à apprendre. Le but des romans de vulgarisation scientifique n’est pas forcément de transmettre des connaissances, ce qui, peut-être, donne confiance aux lecteurs. Libre à chacun de prendre ce qu’il souhaite. Le roman est là pour susciter la curiosité, donner envie et le lecteur choisit, ou non, de creuser les sujets évoqués.
Finalement, peut-on dire que le roman est un dispositif de médiation scientifique informelle ?
Hermine Hémon, traductrice, un métier qui ouvre à de nouveaux horizons
Comme elle nous l’a dit précédemment, Hermine a toujours aimé les livres, les langues, et l’anglais en particulier. Elle voulait donc s’investir et vivre de cette passion. La traduction était une bonne réponse. Ce métier lui permettait d’expérimenter les langues, mais également de rendre accessible des textes et des savoirs à des personnes qui ne lisent pas l’anglais.
La traduction est donc un véritable travail de passeur.seuse. Il faut chercher à transmettre les messages et les émotions créés par l’auteur, tout en collant au mieux au texte initial. C’est donc un véritable défi, celui de faire passer le texte en français de la meilleure manière possible avec ses rythmes, ses images, sa sonorité propre. La traductrice ne doit pas « remplacer » l’auteur.e. Elle doit adopter une posture de passeuse et retranscrire au mieux l’œuvre de l’auteur.e. Elle doit rendre justice au texte en français.
Le métier de traductrice est également très intéressant pour la personne qui l’exerce, puisqu’elle continue à apprendre. Hermine aiguise ainsi sa curiosité, son style… La traduction est pour elle un terrain de jeu infini, qui permet de creuser des sujets très divers. Hermine se renseigne en effet beaucoup sur les thèmes abordés par les auteur.e.s (surtout que, rappelons-nous, il peut s’agir de la traduction de roman de vulgarisation scientifique chez Lucca par exemple). Elle fait donc beaucoup de recherches pour être sure de bien comprendre les tenants et aboutissants et d’avoir le bon angle d’attaque. La traduction est en effet le reflet d’une époque. Le vocabulaire, les expressions stylistiques, les tournures de phrase évoluent.
La traduction est donc une profession très intéressante, qui nourrit la curiosité et la soif d’apprendre. Son but est, au final, un peu le même que les passeur.seuse.s de sciences. Il s’agit de transmettre quelque chose et de le rendre intelligible et accessible aux personnes qui ne parlent pas la langue. La traduction est donc une véritable ouverture : ouverture à de nouvelles visions du monde, ouverture à de nouvelles cultures, ouverture à de nouveaux savoirs…
Hermine Hémon traduit des ouvrages pour Lucca Éditions
La traduction d’ouvrages qui mettent les sciences à l’honneur
Hermine Hémon a notamment traduit certains ouvrages, édités chez Lucca Éditions. Il s’agit notamment de Stupeur et des Détectives, tome 1 et 2 (je vous ai déjà parlé des deux premiers, le troisième arrive bientôt !).
Ces deux textes, en anglais, ont été initialement repérés par les deux éditrices. Les Détectives, c’est Sandrine qui les a découverts. Elle aimait beaucoup l’idée d’un groupe de copains qui utilisent les maths pour résoudre des énigmes. Dans ces histoires, les maths sont vraiment au cœur de l’enquête et ne servent pas seulement de « gadget ». Ces romans permettent donc de démystifier les maths et leurs usages qui peuvent parfois être angoissants pour les publics. Ils montrent que les maths sont à la base de tout, nous en avons tout le temps besoin dans vie, même si nous n’en avons pas toujours conscience. Sandrine était donc très contente de pouvoir acheter les droits des trois premiers tomes pour traduction.
Pour Stupeur, sa découverte résulte de la recherche de textes en lien avec les sciences. Ce dernier avait reçu beaucoup de prix aux États-Unis, or il n’avait toujours pas été traduit, ce qui était bien dommage ! Lucca Éditions a donc obtenu, juste avant la COVID, les droits pour la traduction. L’édition de cet ouvrage n’avait donc rien à voir avec la pandémie qui, au contraire, lui aura plutôt desservi. En effet, avec cette crise sanitaire, les publics n’ont pas forcément envie de lire du médical. Pourtant, Stupeur offre une façon particulière de parler des épidémies, avec un peu de mélancolie, mais surtout beaucoup de positif ! Ce ton colle très bien avec l’ambiance et le personnage principal de l’histoire…
La traduction d’ouvrages qui s’axent autour d’une enquête
Stupeur et Les Détectives s’appuient, certes de manière différente, sur le principe de l’enquête. Nous avons déjà vu que cette dernière est très efficace pour traduire la démarche scientifique.
Hermine Hémon approuve et précise que l’enquête imite la méthode du scientifique. Dans les deux cas, il faut réunir un faisceau d’indices et voir s’il y a des points communs et des similitudes. Le lecteur va pouvoir ensuite échafauder ses propres hypothèses. L’enquête scientifique marche donc très bien, car elle permet de créer plein de théories, d’émettre des réflexions… C’est très intéressant pour le lecteur qui entre dans une démarche de construction.
Quels futurs projets pour Hermine Hémon ?
Hermine a plusieurs projets dans sa hotte. Elle aimerait notamment traduire un petit roman britannique qui l’a beaucoup marqué il y a plusieurs années et qu’elle a trouvé génial. C’est un petit conte théorique pour comprendre la théorie de la relativité. C’est un très beau texte illustré pour les 9-10 ans, qui n’est pas forcément facile à traduire, car très poétique. Il est cependant parfait pour Lucca Éditions qui a donc fait les démarches pour acquérir les droits. Hermine est déjà en travail dessus et il devrait donc sortir début 2022.
En parallèle de cette traduction, Hermine a aussi plusieurs projets en SF et Fantasy aux éditions Leha et ActuSF, avec également des questions de voyage dans l’espace…
[…] d’humour à destination des 7-13 ans. Livres américains, ils sont maintenant traduits par Hermine Hémon et édités chez Lucca Éditions. Si vous voulez vous replonger dans l’histoire, vous pouvez […]