Sur La Route de Nosy Komba, Roman, Vulgarisation Scientifique, Madagascar

Sur La Route de Nosy Komba

Sur La Route de Nosy Komba ou comment mener une enquête dans l’univers des lémuriens…

 

Sur La Route de Nosy Komba, une enquête policière sur fond de primatologie !

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Nosy Komba… Une petite île mystérieuse au large de Madagascar…

Première œuvre commune entre l’auteure Delphine Gosset et l’illustratrice Mélanie Rebolj, le roman Sur la Route de Nosy Komba, publié par Lucca Éditions, nous entraîne dans l’univers palpitant de l‘éthologie et plus particulièrement de la primatologie…

En effet, Delphine Gosset a d’abord mené des recherches en primatologie (i.e. l’étude des primates). Cependant, elle s’est finalement tournée vers la communication scientifique. Je ne serai pas étonnée qu’elle aussi est découvert à quel point le transfert de savoir est enrichissant et passionnant ! Aujourd’hui, elle occupe un poste à l’université de Franche-Comté mais n’oublie pas de transmettre ses connaissances à travers des romans pour la jeunesse.

Sur la Route de Nosy Komba nous transporte ainsi dans l’univers de l’éthologie. Une branche de la biologie qui cherche à étudier le comportement des animaux dans leur espace naturel. Ouvrez le roman et découvrez les comportements de nos cousins primates, finalement si proches des nôtres. Tout cela sur fond d’intrigues et d’enquêtes palpitantes…

 

Sur La Route de Nosy Komba : un roman pour la jeunesse

Un roman initiatique ?

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© Pixabay.

Je ne m’avancerai certainement pas à vous faire un cours de littérature, mais cette histoire originale m’a semblé montrer quelques ressemblances avec d’anciens romans étudiés au cours de mes études. Nous suivons Elizabeth, une lycéenne orpheline. Cette jeune demoiselle au caractère bien trempé préfère bien plus la compagnie des animaux et des scientifiques du zoo voisin que ses congénères lycéens. Elle passe ainsi le plus clair de son temps a étudier les singes, et plus particulièrement les adorables boules de poil appelées communément « lémuriens ». Vous vous souvenez de King Julian dans Madagascar ? Ce sont les mêmes, en plus intelligents !

Pourquoi qualifierais-je ce roman d’initiatique ? Parce que j’ai eu la sensation d’accompagner l’héroïne tout au long de son aventure et d’apprendre avec elle. Cette dernière a pu grandir, mûrir et s’ouvrir un peu plus à sa propre espèce tout au long de l’histoire… J’ai eu la sensation qu’elle découvrait que l’être humain avait aussi une part intéressante, qui méritait d’être étudiée.

 

Un roman facile d’accès… mais qui mérite un accompagnement

Bien que ce soit un roman de vulgarisation scientifique, donc riche d’anecdotes et de connaissances scientifiques, l’histoire reste assez facile d’accès. Les connaissances, en revanche, sont relativement avancées et diverses. Le livre est estimé accessible pour les enfants à partir de 10 ans. Encore une fois, je ne possède pas une grande connaissance de la littérature jeunesse, mais il me semble malgré tout que seuls les collégiens comprendront vraiment les messages. Je pense donc qu’un accompagnement de la lecture est nécessaire. Je pense en effet qu’il ferait un très bon projet scolaire en étant conjointement étudié en classe de français et de biologie. L’interdisciplinarité se développe, me semble-t-il, et c’est une bonne chose pour apporter du contexte et pour raccrocher les matières les unes aux autres.

 

Une histoire simple qui tient en haleine

Pour autant, l’histoire reste simple à suivre, même si le lecteur n’intègre pas toutes les connaissances scientifiques. Cela reste un roman pour enfants. Nous identifions clairement les personnages, parfois un peu caricaturaux. C’est particulièrement vrai pour la « méchante ». L’horrible vétérinaire qui déteste les animaux et qui ne s’intéresse qu’à l’argent. Tout en elle, de sa voix à sa façon de s’habiller rappelle la sorcière. Quant à l’héroïne, c’est un peu l’archétype de l’artiste torturé et incompris. Elle est au-dessus des autres, au-delà des (basses) préoccupations de ces camarades. C’est finalement un peu dommage, car cela peut donner l’impression aux jeunes lecteurs que s’intéresser aux sciences n’est valable que pour les « filles bizarres et asociales ». Or, au contraire, aujourd’hui il est important de rappeler aux jeunes (aux filles surtout) que les sciences sont accessibles à tous ! Même si à 15 ans on se préoccupe plus de son vernis que des singes…

L’intrigue, quant à elle, est bien ficelée. J’ai eu le sentiment que le livre se découpait assez clairement en deux parties. Une première, au début, où l’auteure installe les personnages, le contexte et surtout donne beaucoup d’informations scientifiques. La deuxième, à Madagascar, où nous sommes au cœur de l’action et où le suspens nous tient en haleine. Les anecdotes scientifiques y sont moins nombreuses, en revanche, nous découvrons la belle et mystérieuse Grande Île et quelques unes de ses us et coutumes.

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© Pixabay.

Pour finir, les personnages attachants et les très jolies illustrations qui ponctuent le roman aident à se plonger dans l’histoire et à n’en plus décrocher !

 

Sur La Route de Nosky Komba : un roman de vulgarisation scientifique

Un aperçu du monde de la recherche

Comme je vous l’ai indiqué au tout début de cet article, le roman nous plonge dans l’univers de l’éthologie et de la primatologie. Deux branches de la biologie qui m’ont toujours beaucoup intéressée, en particulier l’étude des comportements animaux. On sent bien que l’auteure maîtrise le sujet et nous fait part de son amour pour ces études scientifiques à travers le caractère enthousiasme et passionné de la jeune Elizabeth. J’ai pu (ré)apprendre plusieurs choses sur les primates et en particuliers sur les lémurs. Ces petites boules de poils sont passionnantes ! Malgré tout, ce que j’ai particulièrement apprécié, ce sont les parallèles entre les comportements animaux et humains. Plusieurs fois l’auteure utilise ses personnages pour décrypter le langage non verbal des êtres humains. Et, vous ne serez peut-être pas surpris.e.s d’apprendre que la cour de récré ne diffère pas beaucoup d’une jungle bien organisée…

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© Pixabay.

Plusieurs passages présentent quelques étapes de la méthode scientifique (dont je vous ai déjà parlé ici). Les protocoles d’expérimentation en éthologie sont notamment bien mis en avant : répétabilité, rigueur, neutralité… Des concepts très intéressants, qu’il est important de présenter assez tôt dans le cursus scolaire. Le vocabulaire scientifique est également précis et expérimental. Nous découvrons même certains risques du métier ! Cependant, des termes sont peut-être parfois trop spécifiques et pas assez expliqué, en particulier lors des échanges entre Elizabeth et son ami doctorant.

 

De la transmission de connaissances à gogo

Le livre est extrêmement riche en anecdotes scientifiques savoureuses. J’ai particulièrement aimé celle des oies de Lorenz ou encore l’explication pour les prénoms des animaux en captivité. Je ne vous en dis pas plus, vous les découvrirez lors de votre lecture ! Ces nombreuses anecdotes sont pertinentes et permettent de raccrocher des connaissances scientifiques à un contexte et à une histoire. C’est idéal pour apprendre. Cependant, il y en a vraiment beaucoup et cela rend parfois la lecture assez lourde. Il y a de temps à autres un effet catalogue, je pense notamment à la description des posters de la chambre d’Elizabeth, ce qui ralentit l’intrigue et lasse parfois.

C’est finalement le principal reproche que je ferai au roman : sa densité. Il diffuse effectivement énormément de connaissances, et c’est peut-être trop. Je suppose que c’est un parti pris de l’auteure, mais c’est vrai que dans la première partie, on est plus dans une sorte de documentaire romancé.

 

Un roman qui fait réfléchir

Sur La Route de Nosy Komba soulève de nombreuses questions, et c’est une chose qui m’a beaucoup plu. Je maintiens que ce livre reste un très bon sujet d’étude en milieu scolaire. Il met les lecteurs sur la pistes d’interrogations éthiques qui sont très actuelles. Une bonne manière pour moi de raccrocher à mon dada favori : l’ouverture des jeunes à l’esprit critique !

Tout d’abord, il met de nombreuses fois les femmes scientifiques à l’honneur, et je ne peux donc qu’approuver ! Les noms et études de femmes éthologues et primatologues (et pas seulement Jane Goodall) sont cités à plusieurs reprises. Un subtil rappel que les sciences sont tout à fait accessibles aux femmes !

Ensuite, on retrouve plusieurs questions éthiques, notamment sur le bien-être animal. Plusieurs personnages expriment ouvertement des positions anti-zoos. En tout cas, contre les zoos qui cherchent surtout à se rapprocher de parcs d’attraction au détriment des conditions nécessaires et propres à chaque espèce animale pour qu’elle se sente bien. De mon point de vue, c’est effectivement vrai qu’il faut sensibiliser les publics. Les zoos ne doivent pas être des « foires à démonstrations », mais des lieux de partage de savoirs et de protection animale. On y découvre aussi le « Grand Ape Project » ; il vise à défendre les Grands Singes et à leur reconnaître certains droits, tels que la liberté et l’interdiction de la torture.

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Enfin, je me suis plusieurs fois demandé si le personnage de la « méchante sorcière » n’était pas là pour rappeler les difficultés du monde de la recherche aujourd’hui. Un monde de la recherche qui perd parfois son autonomie, qui est poussé à étudier des sujets « à la mode » et « vendeurs ». Un monde parfois à la solde des lobbys…

 

Conclusion (Ce qu’il faut retenir)

Sur La Route de Nosy Komba est l’un de mes tous premiers romans de vulgarisation scientifique. Et j’ai vraiment apprécié sa découverte !

Très (parfois trop) riche en anecdotes scientifiques, il permet de se divertir tout en apprenant et en glanant des connaissances en éthologie, primatologie, génétique… Bref, une belle incursion dans le monde de la biologie et de la recherche.

Cependant, cette richesse scientifique peut aussi être une faiblesse, dans le sens où sa lecture nécessite donc un accompagnement, en particulier pour le public visé. Un accompagnement afin d’être sûr que les lecteurs comprennent les connaissances disponibles. Un accompagnement afin de pouvoir lancer des débats et des discussions sur les questions éthiques soulevées… Il est donc idéal pour un projet scolaire et interdisciplinaire !

Malgré tout, il se lit également comme un bon roman, qui nous accroche avec ses personnages, son intrigue et ses illustrations. On s’attache au sort de Pierre le lémur noir et on veut savoir ce qu’il va devenir…

Bref, ce roman est riche et possède plusieurs niveaux de lecture, ce qui en fait un formidable outil de discussion. Et donc un formidable outil de vulgarisation scientifique !

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Avez-vous lu Sur La Route de Nosy Komba ? Qu’en pensez-vous ? Est-ce un bon exemple de vulgarisation scientifique ?

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6 commentaires

  1. […] y a quelques temps, je vous avais présenté le roman de vulgarisation scientifique pour enfant, Sur La Route de Nosy Komba. Vous en souvenez-vous ? Delphine nous avait emmenés à Madagascar pour en découvrir plus sur ces […]

  2. […] domaines des sciences dites “dures”. Pour en savoir plus, retrouvez ma chronique de Sur La Route de Nosy Komba, La Veilleuse d’Âmes et […]

  3. thank you for clarifying this so wonderfully. good

  4. […] domaines des sciences dites « dures ». Pour en savoir plus, retrouvez ma chronique de Sur La Route de Nosy Komba, La Veilleuse d’Âmes et […]

  5. […] y a quelques temps, je vous avais présenté le roman de vulgarisation scientifique pour enfant, Sur La Route de Nosy Komba, édité chez Lucca Édition. Vous en souvenez-vous ? Delphine nous avait emmenés à Madagascar […]

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