Le Trésor de Sunthy, Arnaud Friedmann, Lucca Éditions, Vulgarisation Scientifique

Le Trésor de Sunthy, une plongée dans l’Histoire

Le Trésor de Sunthy : une plongée dans l’Histoire du Cambodge

 

Le Trésor de Sunthy, Arnaud Friedmann, Lucca Éditions, Vulgarisation Scientifique

Nous changeons de registre avec ce nouveau roman, Le Trésor de Sunthy, édité par la maison d’édition Lucca Éditions et nous entrons dans le domaine des sciences sociales. Arnaud Friedmann nous emmène au Cambodge, découvrir l’époque tragique des Khmer Rouges.

Ou plutôt, il nous invite à suivre sa jeune héroïne, Garance, en quête de ses origines et de son histoire. Nous la suivrons donc jusqu’au Cambodge, sur les traces de son grand-père.

Ce que j’apprécie particulièrement avec ce roman, c’est qu’il nous emmène découvrir l’univers (très) vaste des sciences sociales ! L’auteur nous gâte en effet en nous proposant un large éventail de disciplines des SHS et c’est vraiment très enrichissant. Cela change des précédents romans édités par Lucca Éditions, qui concernaient différents domaines des sciences dites « dures ». Pour en savoir plus, retrouvez ma chronique de Sur La Route de Nosy Komba, La Veilleuse d’Âmes et Sisyphe.

Comment Le Trésor de Sunthy diffuse-t-il les connaissances ? De quels types sont-elles ? La vulgarisation est-elle efficace ?

 

Garance, l’héroïne du Trésor de Sunthy qui vit avec son temps

L’héroïne du roman d’Arnaud Friedmann est une jeune adolescente d’environ 14-15 ans, en classe de troisième. Garance Tran, de son prénom, est une héroïne attachante. Elle ne cherche pas à se différencier des « autres » de son « espèce » (contrairement aux héroïnes des précédents romans dont je vous ai déjà parlé). Au contraire, c’est plutôt une bonne représentante des adolescentes de cet âge.

J’entends par là qu’elle a le caractère un peu conflictuel et affirmé propre à cet âge, qui s’accompagne de petits défauts et d’un peu d’égoïsme. Ces préoccupations (très importantes) sont aussi celles d’une jeune fille de 15 ans : comment s’habiller, les garçons… Bref, elle apparaît vraie et vivante.

Ce qui la rend également très intéressante, c’est qu’elle est réfléchie et pose beaucoup de questions. Cette façon de faire permet de réellement nous inclure dans son histoire et dans sa vie. Garance jouera complètement le rôle d’intermédiaire pour la transmission de connaissances. Un moyen original et très inclusif. En revanche, il peut nous arriver d’être un peu frustré. En effet, l’héroïne a beaucoup de questions, pourtant, elle n’ose pas toujours les poser, nous n’avons donc pas toutes les réponses. Est-ce une volonté de l’auteur de frustrer ces lecteurs ? Est-ce une manière d’inciter le lecteur à en savoir plus par lui-même ? Après tout, il est là le but ultime de la vulgarisation scientifique : susciter la curiosité.

J’émettrai quand même un bémol sur notre petite Garance. Il lui arrive de perdre son aspect « enfantin », remplacé par un côté étudiant/doctorant qui est trop décalé et qui lui fait donc perdre en crédibilité. Certaines de ses questions sont vraiment trop « expertes » et incongrues dans la bouche d’une enfant. Petite déformation professionnelle de l’auteur ?

Arnaud Friedmann, Lucca Éditions, Vulgarisation Scientifique

Temple d’Angkor © Pixabay.

 

Le Trésor de Sunthy : un recueil de questions de société

Les Sciences Humaines et Sociales à l’honneur

Le Trésor de Sunthy fait la part belle aux sciences humaines et sociales. L’auteur nous offre un éventail très riche et varié des différents domaines étudiés par ces disciplines : sciences grammaticales, linguistiques, sociétales et surtout historiques.

Il y a également beaucoup de réflexions sur la famille et les relations intergénérationnelles. Des sujets de société qui sont de plus en plus d’actualité, les écarts entre les générations se creusant, ce qui peut engendrer des histoires perdues ou des non-dits. Une controverse est également soulevée par Arnaud Friedmann : celle de l’apprentissage de l’histoire à l’école. Un sujet assez préoccupant de mon point de vue, avec une diminution de l’intérêt des élèves pour cette matière, qui si je ne me trompe pas, devient optionnelle en Terminale. Une remise en question est-elle nécessaire ? Les sujets traités sont-ils trop abstraits pour les élèves ? Leur manque-t-il de contexte pour pouvoir mieux appréhender les faits ? Finalement l’intérêt pour l’histoire serait peut-être plus fort si elle touchait directement les élèves, par le biais d’anecdotes peut-être ? Serait-ce une autre façon de l’enseigner ?

Et si on y réfléchit bien, ces réflexions sont finalement propres à toutes les sciences aujourd’hui…

Arnaud Friedmann, Lucca Éditions, Vulgarisation Scientifique

Cambodge © Pixabay.

 

L’histoire : les connaissances principales transmises par Le Trésor de Sunthy

Les connaissances principales transmises par le roman sont historiques. Elles concernent une partie de l’Histoire encore assez méconnue en France : celle du Cambodge et des Khmers Rouges. C’est une bonne chose, puisqu’il est important de sensibiliser sur ce génocide, que nous étudions très peu en France.

Les savoirs sont très précis et diffusés tout au long du roman. Ils se fondent très bien grâce à l’aspect « d’enquête » que prend l’histoire. Il y a beaucoup d’émotions, mais l’effet n’est pas larmoyant. Au contraire, l’écriture reste pudique et factuelle. Une très bonne manière pour sensibiliser et transmettre. Par contre, le roman étant à destination de la jeunesse, sa lecture nécessite un accompagnement. Les plus jeunes lecteurs ne doivent pas rester seuls face à ces connaissances transmises. Il faut les encourager à poser des questions afin qu’ils puissent prendre du recul et assimiler le contenu efficacement.

Ce qui m’a particulièrement plu dans cette lecture, c’est la présentation de la démarche scientifique. L’historien apparaît comme un détective qui émet des hypothèses, expérimente, cherche des solutions et tire des conclusions. Les notions d’enquête, d’hypothèse, de théories, d’expériences… s’appliquent à tous les domaines des sciences. J’apprécie notamment le passage résumé de la thèse sur l’accueil des réfugiés Cambodgiens et son découpage : remerciements, introduction, conclusion. Un bel exemple de l’existant.

 

Un roman qui parlera à de nombreux lecteurs

Pour résumé, Le Trésor de Sunthy est (encore) un très bel exemple de dispositif de vulgarisation scientifique réussi. D’un point de vue purement romanesque, l’histoire est bien écrite et bien amenée. On est vraiment pris par l’intrigue et son format d’enquête et on vit vraiment l’histoire au travers des questions et réflexions de Garance.

D’un point de vue vulgarisation, les connaissances sont précises, bien amenées et diffusées agréablement tout au long de la lecture. Il n’y a donc pas d’aspect de lourdeur et d’ennui. L’autre propose beaucoup de questions et de pistes de réflexions, cette lecture me semble donc un très bon point de départ pour des cours d’histoire ou de français.

Enfin, le roman propose différents niveaux de lecture et je pense que tout lecteur finira par s’y retrouver. D’une part, parce qu’il est écrit à la première personne, ce qui le rend très inclusif, d’autre part car il concerne des histoires de familles. Et, qui n’a pas de non-dits ou de « secrets » dans sa famille ?

Arnaud Friedmann, Lucca Éditions, Vulgarisation Scientifique

 

Avez-vous lu le roman ? Qu’en avez-vous pensé ? Le recommanderiez-vous comme exemple de vulgarisation scientifique ?

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