La Veilleuse d’Âmes, tome 1 : La Voie des Morts
La Veilleuse d’Âmes, un roman de vulgarisation scientifique prenant et plein de suspens…
D’après vous, à quoi peut bien mener un mélange de vulgarisation scientifique, de fantasy et de science-fiction ? Je vous le donne en mille : à un fabuleux roman plein de suspens et de rebondissements !
Cela fait maintenant plusieurs articles avec lesquels (j’espère) vous avoir fait découvrir des ouvrages de vulgarisation scientifique qui m’ont souvent passionnés, intrigués, questionnés… Je continue aujourd’hui avec un livre qui, au départ, je l’avoue, m’avait un peu laissé sceptique. Il s’agit du premier tome d’une saga, La Veilleuse d’Âme, écrite par Alexis Demey et édité par Lucca Éditions.
L’auteure est avant tout chercheuse en anthropologie biologique. Elle est spécialisée dans le décryptage des comportements humains, et cela se ressent tout au long du livre… Car oui, ce premier opus utilise admirablement bien les codes de la Fantasy et de la science-fiction pour nous questionner, nous ouvrir l’esprit et nous entrainer à utiliser la démarche scientifique !
La Fantasy et la science-fiction pour transmettre les sciences
L’héroïne de la Veilleuse d’Âmes est adepte de la démarche scientifique
© Pixabay.
Ne vous méprenez pas sur le titre de ce paragraphe. L’héroïne, Maya pour les intimes, ne passe pas son temps à radoter combien c’est merveilleux d’utiliser la démarche scientifique. Bien que j’en sois une grande fervente, j’imagine un peu la lourdeur si, à chaque fois que Maya découvrait quelque chose, il lui fallait lister les différentes étapes qui mèneraient à une conclusion (pour rappel, la démarche scientifique est décrite dans cet article)… L’intrigue n’avancerait pas beaucoup. Et ce serait bien dommage…
Non, en réalité, la démarche scientifique n’est jamais clairement citée ou expliquée. Elle s’applique en fait directement. Je ne sais pas si c’est volontaire ou si c’est une « déformation professionnelle » de l’auteure, mais finalement, beaucoup d’actions dans ce roman pourraient servir d’exemples pour illustrer cette fameuse démarche scientifique. Pour rappel, nous pourrions la résumer simplement par « Observation » / « Question » / « Hypothèse » / « Expériences » / « Analyses » / » Conclusions ».
En effet, Maya, étudiante en anthropologie culturelle, est très souvent dans l’observation. Observations de son environnement, de ses compagnons d’aventure, des êtres vivants qu’elle rencontre… Or, étant donné qu’elle a débarqué sur une autre planète, elle a de quoi noircir les pages de son cahier. Eh oui, l’intrigue ne se situe pas sur notre bonne vielle Terre, mais sur Dheghôem. Bien que cette planète soit relativement similaire à la nôtre, elle présente aussi son propre écosystème. Ainsi, dès que Maya croise une nouvelle créature, elle va l’observer, émettre des hypothèses sur son comportement et son adaptation à son environnement. À l’issue de cela, elle réalise parfois des tests et des expérimentations qui lui permettent de tirer des conclusions et donc de confirmer ou non ses hypothèses.
C’est l’une des choses qui m’a le plus marqué dans ce roman de vulgarisation scientifique : les questionnements. Nous en reparlerons…
Encore quelques clichés persistants…
Cependant, bien que la démarche scientifique (apprentissage à l’ouverture d’esprit et l’esprit critique) soit clairement prépondérante, certains clichés persistent parfois. Le passage du début, sur Terre, est un peu entaché par un préjugé qui a la peau dure : la prétendue distance entre les « sciences sociales » et les « sciences dures ». Je pense qu’il est important de rappeler que la Science est certes plurielle, mais que ses différents domaines ne sont pas là pour s’opposer, mais bien pour se compléter. Je pense qu’il est important de mettre l’accent sur ce fait… En revanche, j’ai été très agréablement surprise de constater que les personnages féminins tiennent beaucoup de rôles clés. Nous avançons !
Un roman qui met à l’honneur l’anthropologie
La démarche scientifique n’est pas la seule à être mise en avant. Le domaine scientifique de l’anthropologie est également très présent. D’après l’Association Française des Anthropologues, l’anthropologie correspond à « l’ensemble des sciences qui étudient l’être humain dans ses différentes dimensions ». Ce domaine se découpe ainsi en 4 grandes disciplines : « l’anthropologie sociale et culturelle, l’archéologie et la paléoanthropologie, l’anthropologie biologique (autrefois qualifiée d’anthropologie physique) et la linguistique ». Le romain livre aussi une très belle définition de ce domaine : « la traduction des cultures entre les populations ». Le concept même de médiation scientifique et culturelle.
© Pixabay.
Le moins que l’on puisse dire à la lecture de ce roman, c’est que Maya a bien choisi ses études. C’est une anthropologue passionnée (à l’image de sa créatrice certainement). Rien ne lui plaît plus que d’observer les comportements « humanoïdes » et les interactions entre espèces. Et bien sûr, elle ne se prive pas de nous donner ses impressions, agrémentées d’anecdotes culturelles savoureuses distillées au fil des pages. Ces anecdotes sont d’ailleurs très orientées sur la mort, en particulier les rites mortuaires des différentes cultures et la mythologie (principalement nordique). J’ai ainsi été ravie d’apprendre que le peuple Pârsis, en Inde, dépendait de la présence de vautours pour réaliser ses funérailles célestes.
Comme indiqué dans la définition, l’anthropologie présente aussi un volet biologique. Je ne m’avancerai pas sur ce qui est étudié en son sein, cependant j’ai remarqué qu’il y avait plusieurs références à l’adaptation des espèces dans l’ouvrage. Ce sont des connaissances que j’ai particulièrement appréciées, étant généticienne et férue de Darwinisme. De plus, leur présence démontre la volonté de l’auteure de créer un écosystème cohérent qui a évolué et qui s’est adapté à son environnement. Un bel effort…
La Veilleuse d’Âmes, une intrigue qui tient en haleine et qui questionne
Une roman passionnant qui se dévore
Ce premier opus je ne l’ai pas seulement apprécié parce qu’il regorge d’anecdotes et de connaissances, mais aussi parce qu’il rempli aussi très bien son rôle de roman de Fantasy-SF. Or, c’est justement un genre que j’affectionne. La preuve, j’ai dévoré La Voie des Morts en seulement 1 journée…
L’intrigue est véritablement passionnante, avec beaucoup de suspens. La rédaction à la première personne permet vraiment de s’identifier à l’héroïne et de nous faire pénétrer complètement dans l’histoire. Maya pose beaucoup de questions et le peu de réponses qu’elle obtient nous frustre tout autant. En revanche, et c’est la force de ce livre, cela nous pousse à nous forger nos propres hypothèses et nos propres conclusions.
Finalement, j’aurai un seul reproche à faire à La Veilleuse d’Âme, c’est le fait que ce soit en plusieurs tomes… Ça va vraiment être trop dur d’attendre la suite !
Un roman qui nous interroge et nous ouvre l’esprit
Certes l’ouvrage est passionnant et respecte assez bien les codes définis d’un roman de Fantasy-SF, mais il présente aussi les codes qui en font un bon roman de vulgarisation scientifique. Il va donc transmettre des connaissances. Cependant, il se distingue par sa volonté à nous questionner.
La mort (son univers, sa culture) est le sujet central de l’histoire. Plus particulièrement, l’âme. J’ai ainsi eu plusieurs fois l’impression que l’auteure cherchait à expliquer « l’inexpliquable ». La magie serait-elle finalement une adaptation génétique à l’environnement ? La conscience serait-elle due à une symbiose entre deux êtres vivants ? Résulterait-elle de l’association réciproquement profitable d’un hôte (exemple l’être humain) et d’un être ? nébuleux (l’âme) ?
© Pixabay.
Je l’ai évoqué plusieurs fois, la Veilleuse d’Âmes me semble plutôt orienté vers la réflexion, le questionnement du lecteur et l’appel à son esprit critique et à la remise en question. Ceci est particulièrement encouragé par l’héroïne qui pose beaucoup de questions, qui remet en cause de nombreuses vérités et qui décortique son environnement et les êtres qui l’entoure afin de mieux les comprendre. Les réponses, tant pour Maya que pour nous, ne sont pas offertes. Elles se méritent et se découvrent, elles sont le fruit d’études, d’essais et d’hypothèses.
Je me suis également demandée s’il n’y avait pas un aspect philosophique : des réflexions sur la vie après la mort. L’auteure a-t-elle voulu ouvrir le débat sur la science et les religions ? Peut-on être scientifique et croyant ? Dans tous les cas, on ne ressent jamais d’obligation de la part de l’auteure d’adhérer à telle ou telle explication. Le lecteur reste seul face à ces choix. Je dirai plutôt qu’elle nous livre son point de vue et ses hypothèses.
En revanche, elle nous oblige à remettre beaucoup de choses (voire nous-même) en question. Elle nous rappelle les principes d’objectivité lorsque l’on étudie des cultures et des peuples. Elle nous rappelle qu’il n’y (et ne doit pas avoir) de jugements et de hiérarchie. Le scientifique doit juste observer et tirer des conclusions. Il reste humble.
Conclusion (Ce qu’il faut retenir)
Pour conclure sur cet (encore) longue chronique. Ce roman n’est en rien un manuel de cours. Les connaissances transmises le sont de manière fine et distillée tout au long de la lecture. De plus, la présence de suspens et d’une intrigue bien ficelée, fait que nous les engrangeons sans nous en rendre compte.
Contrairement à d’autres romans de vulgarisation scientifique, l’accent n’est pas forcément mis sur les connaissances transmises. Au contraire le questionnement et la remise en question sont à l’honneur. Il nous encourage à rester humble, à garder l’esprit ouvert et curieux et à toujours poser des questions.
Ce dernier point pourrait presque finalement être la morale de ce roman. Gardez l’esprit alerte et embêtez le plus de gens possible avec vos questions. Ce sera la meilleure façon de les comprendre et de comprendre votre environnement. Vous serez ainsi en bonne voie pour lutter contre l’obscurantisme et aiguiser votre esprit critique…
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