Carchanocif ou la vulgarisation scientifique à travers la pop culture
Carchanocif, un jeune vulgarisateur scientifique passionné !
Ne vous inquiétez pas, je ne vous ai pas oublié… C’est vrai que les nouveaux articles se font plus rares, mais mon nouveau métier de chargée de communication scientifique freelance, m’accapare beaucoup… Pour autant, je tiens toujours à vous proposer un peu de nouveautés !
Et aujourd’hui, je vous propose de rencontrer Carchanocif ! Il est en formation pour devenir médiateur scientifique, mais a déjà une belle expérience ! À travers ses médias, et notamment sa chaîne YouTube, il vulgarise beaucoup de notions de paléontologie. De plus, il ne le fait pas n’importe comment… Pour que l’on comprenne bien tout (et qu’on y prenne du plaisir), il nous propose de plaisants parallèles avec la pop culture. Et, plus particulièrement, il s’appuie sur Pokémon pour nous transmettre ses savoirs. Et ça, clairement, j’adore !
Comment et pourquoi utiliser la pop culture pour transmettre les savoirs ?
Carchanocif, un passionné de sciences et de partages
Une soif d’apprendre
De son vrai nom Steven Pecquenard, Carchanocif est un féru de sciences ! Depuis son plus jeune âge, il a toujours aimé découvrir et comprendre le monde qui l’entoure. Carchanocif est curieux, il aime apprendre. Hésitant longuement, il se lance finalement dans une licence d’histoire.
Ensuite, arrive quand même l’heure du choix. En effet, à la fin de sa L2, il hésite entre poursuivre avec des recherches en histoire ou plonger à fond dans la biologie. C’est finalement la Fête de la Science qui va l’aider à trancher… Au cours de cette manifestation, il rencontre le Youtubeur Valéoraptor qui est alors le président de l’association la PaléoSphère. Ce dernier lui propose de devenir médiateur scientifique et Steven se rend compte que cela correspond tout à fait à son profil. Il aurait ainsi la possibilité de parler de paléontologie, sa passion, même s’il n’a pas réellement fait d’études dans ce domaine-là. En outre, ce choix tombe aussi à pic puisqu’il venait tout juste de lancer sa propre chaine YouTube.
Sa suite d’étude sera donc toute écrite : le master de médiation scientifique « événementiel et médiation des arts et des sciences » de l’Université de Versailles – Saint-Quentin, en alternance.
Et une vraie volonté de partages
Se lancer sur YouTube était un vrai défi pour Carchanocif. Il était déjà un très gros consommateur de vidéos de vulgarisation scientifique. En voyant le travail de ces vidéastes, il a eu l’envie, lui aussi de se lancer. Extrêmement timide, passer par la vidéo et YouTube était également un très bon moyen de se convaincre lui-même qu’il en était capable. En outre, Steven trouvait cela très motivant d’apprendre à faire de la vidéo. Le montage l’intéressait au plus haut point, car c’est effectivement un aspect tout aussi important que le fond. Il estime ainsi qu’il permet plus facilement d’ancrer les connaissances et donc de les acquérir.
Cependant, pas facile de percer sur YouTube… Il y a déjà beaucoup de chaînes qui s’intéressent à la paléontologie. On parle du Paléotube ! Carchanocif a donc choisi un angle particulier et original, celui de la pop culture. Et, plus précisément, il s’est appuyé sur Pokémon, une franchise qui parle à beaucoup de monde !
Transmettre pour apporter sa pierre à l’édifice
La transmission des savoirs revêt une très grande importance pour Steven. Tout d’abord, parce qu’il vient d’une famille qui n’a pas de bases scientifiques. Il était finalement le seul à s’intéresser vraiment aux sciences. Et, avant YouTube, c’était dans C’est Pas Sorcier, Il était une fois la Vie… qu’il étanchait sa curiosité.
Le problème (ou pas), c’est qu’il avait aussi envie de partager ce qu’il découvrait. Outre le fait qu’il n’avait pas beaucoup d’interlocuteurs, Steven a dû apprendre à s’adapter à leurs niveaux pour s’assurer qu’ils comprennent. Finalement, l’ombre de Carchanocif était déjà présente et Steven faisait déjà de la médiation sans le savoir… Preuve qu’il avait trouvé sa voie : son enthousiasme communicatif amenait déjà ses interlocuteurs à l’écouter et à le suivre.
Cependant, la communication scientifique n’est pas qu’une histoire de partages pour Steven. C’est aussi une histoire de combats. Elle représente en effet un excellent moyen de combattre les préjugés et les idées reçues. Les sciences sont accessibles à toutes et tous, il ne doit pas y avoir de critères, comme le genre. Tout le monde peut en faire, peut s’y intéresser… Un message à faire passer qui tient à cœur à Steven ! D’autant plus qu’il en a lui-même fait les frais dans scolarité…
C’est vrai que vous vous demandez peut-être pourquoi ce passionné de paléontologie n’en a pas fait ses études ? Tout simplement parce qu’on lui a dit que puisqu’il est nul en maths, il peut oublier ce domaine… Un peu dur… Heureusement que la médiation est là pour montrer qu’on n’a pas besoin d’avoir fait de la recherche dans un domaine pour en parler !
Carchanocif, le trésorier de l’association La PaléoSphère
Une association pour faire découvrir la paléontologie
L’association à but non lucratif La PaléoSphère regroupe un collectif de vulgarisation et de médiation en paléontologie. Elle est francophone, ce qui est important, car il y a déjà beaucoup de contenus qui sont disponibles, mais en anglais.
L’association a été créée en 2019 et regroupe à la fois des vidéastes, des podcasteurs, des artistes (dessins, animations 3D, BD…) et des blogueurs. Elle intervient un peu partout en France, car les membres se répartissent aux 4 coins de l’hexagone. Il y en a même qui se trouvent à l’étranger, au gré de leurs études ou de leurs recherches. Les membres sont principalement des amateurs (il y a finalement très peu de chercheurs en paléontologie). Ceci montre bien qu’il n’est pas nécessaire d’être chercheur pour participer. Au contraire, la diversité des profils est une vraie richesse pour l’association qui permet à des personnes de tout horizon de se rencontrer. Des passerelles se créent, qui permettent d’échanger et de partager plus facilement.
La PaléoSphère propose différents types d’événements. Il peut s’agir de tables rondes, de tenus de stands, d’ateliers, d’animations ou encore du live sketching. Au fur et à mesure de son développement, les animations de l’association augmentent. Elle proposait ainsi 3 ou 4 événements en 2022, contre 4 ou 5, actuellement, en 2023.
Pas seulement de la paléontologie pour Carchanocif
De la vie extraterrestre aux créatures mythiques
Bien que la paléontologie constitue la base des connaissances transmises par Steven, ce ne sont pas ses seuls domaines de prédilection. Il apprécie aussi de parler d’exobiologie et de cryptozoologie.
Le premier domaine correspond à l’étude des formes de vie qui existeraient en-dehors de la Terre. Steven cherche ainsi à comprendre comment font les chercheurs pour trouver d’éventuelles traces. Le deuxième domaine, la cryptozoologie, correspond à l’étude d’animaux dont on n’a pas de preuves scientifiques qu’ils existent. C’est par exemple le cas de Nessie, le fameux monstre du Loch Ness. Les scientifiques ont mis en œuvre de nombreux processus pour savoir s’il existait ou non. D’ailleurs, d’autres recherches du même genre ont permis d’établir l’existence de l’Okapi ! Ce domaine scientifique est donc très intéressant, tant d’un point de vue scientifique, que sociologique. Cela permet en effet de voir comment se construisent les croyances et les mythes.
Pour aborder ces deux thèmes scientifiques, rien ne vaut la pop culture ! Steven apprécie tout particulièrement la Guerre des Mondes ou The X Files. Deux fictions sur lesquelles on peut facilement rebondir pour aborder des sujets très variés !
La pop culture pour ancrer les savoirs
Je suis déjà convaincue de l’intérêt d’utiliser la pop culture pour transmettre des savoirs. Steven le confirme bien. L’un de ses outils phares est l’univers Pokémon. C’est une œuvre multisupport et intergénérationnelle, qui est connue d’un très grand nombre. Tant les adultes, que les enfants, ces derniers sont souvent mis de côté en paléontologie, peuvent s’y intéresser et y trouver un ancrage.
De plus, une œuvre aussi connue permet à Carchanocif de se mettre au même niveau que les publics. Et aussi d’apprendre d’eux ! Les Pokémon permettent d’aborder les thèmes de l’évolution (ou s’agit-il de métamorphose ?). Leur création est parfois inspirée d’animaux disparus ou de fossiles.
Steven essaie aussi de mettre en avant le patrimoine local. Ainsi, il va s’intéresser aux régions d’origine des visiteurs pour leur présenter de potentiels fossiles ou dinosaures locaux. Par exemple, le Tricératops ou le T. rex ne sont en rien français. Steven va donc essayer de présenter des dinosaures locaux, souvent moins populaires, mais aussi moins connus.
Le métier de médiateur scientifique, du plaisir et des difficultés
Plusieurs freins qu’il faut réussir à dépasser
J’ai demandé à Carchanocif s’il avait identifié des difficultés dans le métier de médiateur scientifique. Ce qu’il observe principalement c’est la grande explosion du complotisme. Il devient alors plus compliqué d’obtenir la confiance de certaines personnes. Ces publics vont se mettre directement dans l’offensive et cela demande donc un gros travail de leur montrer que le médiateur est là pour parler de faits.
La pop culture montre aussi parfois une limite. C’est la question de sa légitimité. Pour certains, la science doit être forcément tirée de quelque chose de très sérieux, comme un article. Or, Pokémon, c’est un truc pour enfants, sans vérité derrière et qui peut dénaturer les recherches. Pourtant, au contraire, utiliser un tel objet permet aux enfants de s’intégrer, de discuter et de retenir quelque chose. Des parents, qui au départ venaient pour leurs enfants, vont même finir par se prendre au jeu. C’est déjà arrivé qu’une maman dise à Steven « qu’une fois rentrés à la maison, on va prendre le temps d’éplucher le Pokédex, pour voir si on peut identifier d’autres animaux ».
Enfin, un dernier frein important reste les moyens. Steven fait beaucoup de choses par lui-même, avec du recyclage. Et, parfois, cela peut déstabiliser les publics de voir seulement « quelques bouts de carton ».
Un métier enrichissant et varié
Heureusement, il y a aussi beaucoup d’avantages à faire ce métier ! L’une des choses les plus positives pour Steven, c’est qu’il apprend énormément de choses. Et cet apprentissage se fait par des canaux différents, que ce soit à travers ses recherches ou en discutant avec les publics. Finalement, cela arrive souvent qu’il apprenne une information qu’il ne connaissait pas, sur une créature disparue ou sur un Pokémon.
Steven apprécie aussi beaucoup de pouvoir parler d’un sujet qui le passionne, d’autant plus que celui lui permet de légitimer la pop culture. Cette dernière présente toujours aujourd’hui un bagage négatif, qui est pourtant infondé.
Enfin, quand on est médiateur scientifique, on ne s’ennuie jamais ! On peut traiter un même sujet de mille manières différentes. On peut imaginer de nouvelles animations, améliorer les existantes… Il y a toujours un angle d’attaque à tester.
Ce qui est bien avec la médiation scientifique, c »est qu’il n’y a pas besoin d’avoir fait de grandes études scientifiques pour s’y consacrer. On construit soi-même, on entre en contact avec des personnes spécialisées… On s’enrichit et on se crée une vraie culture !
Continuer dans la médiation, une évidence pour Carchanocif
Steven a plein de projets en cours ! Il souhaite continuer sa chaîne YouTube et a plein de nouvelles vidéos à sortir, avec des scripts en cours d’écriture.
Pourtant, sur le court terme, ce seront les études qui priment ! Il lui faut finir son mémoire, un travail qui compte beaucoup à ses yeux, puisqu’il y parle de l’intérêt d’utiliser la pop culture en médiation scientifique. Étonnant ! Pourtant, c’est un bon sujet d’étude, car actuellement il y a très peu de chiffres sur cet outil et il faut encore établir le profil des personnes utilisant cette médiation.
Plus tard, il aimerait créer sa propre boîte de médiation avec sa fiancée, avec comme priorité de tenter de toucher les publics mis de côté et valoriser les patrimoines. Enfin, il continuera à s’investir dans l’association La PaléoSphère pour la développer la faire connaître au maximum.