Feux, mégafeux : une exposition du Quai des Savoirs qui réchauffe
Feux, mégafeux, la nouvelle exposition du Quai des Savoirs !
Début février, j’ai eu la chance de pouvoir découvrir la nouvelle grande exposition « Feux, Mégafeux » du Quai des Savoirs, à Toulouse. Une exposition produite par Universcience, et présentée une première fois à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris (sous le nom : « Feu ! ») en 2018-2019. Le centre de culture scientifique toulousain l’a renommée et personnalisée avec un prolongement sur les mégafeux.
Jusqu’au 5 novembre 2023, l’exposition invite à explorer les différentes facette du feu. Apprivoiser le feu, le comprendre, combattre les incendies… Tant de sujets que l’on peut aborder. Le feu est à la fois réconfortant et terrifiant. Il fascine les humains depuis toujours, qui tente de le maîtriser depuis toujours. Se pelotonner au coin de la cheminée l’hiver, griller les saucisses au barbecue… Des images douces et chaleureuses !
Malheureusement, le feu, c’est aussi destruction. Les incendies existent depuis toujours, cependant, avec les changements climatiques actuels, ils deviennent de plus en plus violents et se transforment parfois en mégafeux…
Pour vous parler plus précisément de l’exposition, de ses objectifs et intérêts, j’ai eu la chance d’échanger avec Laurent Chicoineau. Il est l’actuel directeur du Quai des Savoirs et un passionné de sciences et de partages !
Pourquoi il faut aller voir cette exposition ?
Laurent Chicoineau, directeur du Quai des Savoirs
De la découverte de la communication scientifique…
Laurent Chicoineau commence sa carrière en tant que journaliste. Il travaille sur des radios locales, surtout sur Grenoble. Or, cette ville est très orientée sciences. Pour cette raison, en particulier, Laurent propose des chroniques scientifiques à la radio. Et pour assurer la qualité de ces chroniques, il commence à travailler avec le Centre de Culture Scientifique et Technique de Grenoble, la Casemate. Il finit d’ailleurs par y travailler, d’abord comme chargé de projets multimédias, puis comme directeur.
Finalement, en 2017, on lui propose la direction du Quai des Savoirs, qui venait d’ouvrir à Toulouse. Une belle opportunité qui lui a permis de consolider le projet et de le développer.
… À la direction du Quai des Savoirs
Le centre de culture scientifique et technique de Toulouse cherche à imaginer le futur ensemble. Le but est vraiment d’essayer de comprendre le monde dans lequel on vit et ses évolutions.
En comprenant mieux notre monde, on acquiert également une meilleure compréhension des sciences. En outre, cela concerne toutes les sciences : la nature, les sciences sociales et humaines… Le Quai des Savoirs veut également mêler arts et sciences pour imaginer les futurs. Il travaille donc avec des designers, des écrivains de science-fiction, des artistes… Cela permet de proposer plusieurs versions d’un futur désirable et de faire marcher la créativité.
Amener d’autres visions permet également de proposer des façons différentes de relever les nouveaux défis qui se profilent. On parle notamment des changements climatiques, des « fake news »… Il n’est pas toujours facile d’informer et de produire des savoirs qui parlent à toutes et tous. Croiser les arts et les sciences peut aider à toucher différemment.
Feux, Mégafeux, la nouvelle exposition du Quai des Savoirs
Une exposition qui s’inscrit dans l’actualité
Depuis le 9 février 2023, l’exposition « Feux, Mégafeux » est proposée au public.
Il y a plusieurs raisons à ce choix. Tout d’abord, en 2023, la ville de Toulouse accueille le Congrès National des Sapeurs Pompiers. L’occasion pour la centre de culture scientifique de rebondir sur l’actualité et de proposer un sujet en lien avec cet événement. De plus, il y a également, bien sûr, la raison environnementale. À travers le monde, on voit de plus en plus d’incendies qui se déclarent. Et, plus précisément, on voit de plus en plus de mégafeux.
L’exposition s’inscrit donc dans les questions de changements climatiques. En outre, elle répond bien à la ligne éditoriale du Quai des Savoirs et sa volonté de faire réfléchir aux futurs possibles.
Raconter le feu sous toutes ses facettes
Il y a plusieurs éléments dans cette exposition qui ont pour but de présenter le feu sous toutes ses formes.
La première partie de l’exposition traite de la connaissance du feu et de l’histoire de son acquisition. On cherche à intéresser les visiteurs et utilisateurs à leur passé. L’histoire du feu est assez impressionnante. Ce dernier a en effet été utilisé depuis des milliers d’années, pourtant les phénomènes de combustion ne sont vraiment compris que depuis 2 ou 3 siècles.
Nos sociétés sont vraiment devenues thermodynamiques, nous sommes une civilisation du feu. L’idée avec l’exposition est donc de retracer l’évolution de l’utilisation du feu du point de vue scientifique et historique. Le but est de mettre en parallèle les impacts du feu sur la géologie, le climat ou encore l’environnement… On raconte cette histoire sous l’angle du feu.
Une autre partie de l’exposition concerne plutôt l’aspect citoyen. Il y a ainsi tout un module sur les pompiers et sur l’aspect « combattre le feu ». Ce module a été construit avec la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Il présente le métier de pompiers, les techniques utilisées, les manières d’agir sur le feu… Il s’accompagne également de messages de prévention, en particulier contre les accidents domestiques.
Une exposition « Feux, mégafeux » immersive
Le Quai des Savoirs a enrichi l’exposition d’un « tunnel immersif ». En effet, l’exposition initiale n’offrait qu’un seul élément sur les feux de forêt. Ces derniers existent en effet depuis toujours et sont parfois nécessaires.
En revanche, rien n’était proposé sur les mégafeux. Le Quai souhaitait donc aborder ce sujet, mais de manière un peu décalée. Le but est de travailler sur l’immersion du public pour qu’il vive une expérience un peu forte. Ce tunnel immersif permet aussi de travailler sur l’émotion. Les sentiments d’éco-anxiété augmentent de plus en plus, en particulier chez les jeunes. Il est important d’essayer d’en parler, c’est aussi le rôle des centres culturels contemporains. Pour autant, il y a des manières de faire, sans forcément travailler sur des images trop réelles, effrayantes ou tristes. Le Quai ne voulait pas véhiculer ces images, qu’on finit par tous connaître. Le but n’est pas d’effrayer les gens, mais plutôt de montrer des solutions. Il y a beaucoup d’espoirs si on prend conscience et si on fait des efforts. C’est là le cœur du message de l’exposition !
Pour créer cette animation immersive, il y a d’abord eu un gros travail d’enquête. Le Quai a récolté de nombreuses données sur les mégafeux. Il a ainsi travaillé avec des experts du centre Météo France de Toulouse, les dernières données du GIEC, les publications disponibles, l’open data… Le but est de sortir des éléments compréhensibles par tout le monde. Les mégafeux sont en effet très particuliers. Ils créent leur propre météo (avec parfois des effets de tornade, des projections de braise…). Les scientifiques cherchent à mieux les comprendre afin de pouvoir développer des stratégies de lutte. Car oui, les mégafeux feront partie du monde de demain.
Ces informations sont ensuite transmises au travers d’une mise en scène. Cette dernière a été voulu belle, avec des images immersives, enrobantes… Le but est de susciter de l’émotion, sans que ce soit de la peur.
Des publics conquis et convaincus
L’exposition est relativement récente, pour autant, Laurent Chicoineau a pu déjà se rendre compte qu’elle fonctionne très bien. Il y a beaucoup de visiteurs et ils éprouvent un véritable intérêt pour le sujet. Jusqu’à présent, le Quai compte ainsi entre 700 et 1500 personnes chaque weekend.
L’exposition est, de plus, assez originale. Il y en a peu qui traitent de sujets comme le feu. En outre, elle est bien complète et fait le lien avec les pompiers, qui est un corps bien développé à Toulouse. C’est donc un sujet que le Quai souhaite traiter tout particulièrement. Pendant les vacances, le centre de culture propose donc des ateliers en lien avec les pompiers pour les enfants. C’est une autre manière de les rencontrer.
L’exposition est également très concrète, puisqu’elle fait le lien avec le quotidien. Les premiers retours obtenus sont donc très positifs. L’exposition plait, s’adresse à toutes les tranches d’âge et contribue à la prise de conscience.