Avec Sisyphe le Bousier, on comprend que tous les êtres vivants ont un rôle à jouer
Sisyphe le Bousier, un bousier qui vous veut du bien…
C’est Vendredi Lecture aujourd’hui ! Et pour la première fois, j’ai envie de vous parler d’un album jeunesse, édité par Lucca Éditions. Car non, les livres de sciences ne sont pas réservés qu’aux seuls adultes ! Parler sciences, partager les savoirs, discuter et échanger, cela doit se faire dès le plus jeune âge !
Alors, quoi de mieux qu’un album jeunesse joliment illustré pour transmettre quelques connaissances ?
Élisabeth Ludes est l’auteure de Sisyphe Le Bousier. Après de nombreux voyages en Asie du Sud-Est pour étudier la faune locale, et en particulier les orangs-outans, elle a intégré le musée zoologique de Strasbourg pour valoriser les collections d’histoire naturelle. À travers ses différentes missions, elle a développé un goût certain pour la transmission des sciences. Avec cet album, elle se livre au délicat challenge de s’adresser aux plus jeunes.
Quant aux illustrations, elles ont été réalisées par Mona Leu-Leu. Graphiste, illustratrice et auteure, elle aime utiliser les livres comme outil de réflexion et de découverte. Un moyen d’apprendre aussi bien avec les yeux, qu’avec les mains !
C’est la jeune maison d’édition indépendante, Lucca Éditions qui édite cette petite pépite.
Sisyphe le bousier, un insecte incompris
Un « bousier » ? Mais qu’est-ce que c’est ?
© Pixabay.
Nous faisons la connaissance de Sisyphe, scarabée bousier de son état, dont le rôle est de nettoyer un pré occupé par de jolies vaches. Par nettoyer, il s’agit bien de supprimer les bouses de ces chères vaches (d’où son nom de scarabée bousier).
En effet, les bousiers, se nourrissent des excréments d’autres animaux. Avec leurs pattes (antérieures ou postérieures selon les espèces), ils façonnent des boulent qu’ils font rouler jusque dans leur terrier pour s’en repaître. Ils peuvent aussi s’en servir comme matériau de construction.
Ces animaux jouent donc un rôle particulier dans l’écosystème et notamment dans l’agriculture. Lorsqu’ils enterrent les excréments, ils favorisent la formation d’engrais naturel et enrichissent donc les sols en matières organiques et sels minéraux. L’enfouissement des bouses permet également de protéger les troupeaux contre de possibles agents infectieux.
Ce sont donc de très précieux auxiliaires pour l’agriculture ! Pourtant, leur rôle primordial est parfois méconnu, voire méprisé... Et oui, malgré tout, ils ont les pattes dans la m***e !
Le ras-le-bol de Sisyphe le bousier
Revenons à notre héros. Sisyphe. Il porte effectivement bien son nom ! Vous savez à qui il fait référence ? À un personnage de la mythologie grec. Pour avoir défié les dieux, ce dernier fut condamné à rouler un rocher jusqu’en haut d’une colline. Cependant, une fois au sommet, le rocher redévalait la colline et Sisyphe devait le remonter, et cela éternellement…
Est-ce que vous commencez à voir le rapport avec notre petit insecte ? Depuis qu’il est né, il doit suivre les traces de ses ancêtres. Tous avant lui ont roulé les bouses pour nettoyer le champ et lui doit continuer sur cette voie… Pourtant, il en a assez ! Assez de devoir faire tous les jours la même chose ! Assez d’être seul et d’être inconsidéré ! Que décide-t-il de faire ? Je vous le donne en mille, puisqu’il est français, il se met en grève !
Son patron, la mouche Droso, au lieu d’essayer de comprendre les récriminations de Sisyphe, décide de faire appel aux fourmis, aux taupes ou encore aux faucons pour nettoyer le pré. Mais, peine perdue, c’est un véritable désastre !
Sisyphe, le sauveur
Ces amis comprennent alors que le maître des bouses, c’est bien Sisyphe, leur scarabée bousier préféré ! Certes, il fait « des boules de caca » comme dirait Droso, mais il le fait bien ! Plus important encore, son action est essentielle.
Finalement Sisyphe est porteur d’un véritable savoir-faire, pourrait-on dire un art ? Et sans lui, le monde serait rempli de caca… (J’exagère sûrement un peu, mais il est vraiment mignon).
Sisyphe le bousier et la vulgarisation scientifique
Cet album n’est pas seulement une histoire sympathique avec des animaux très mignons et de très beaux dessins, c’est aussi un outil de vulgarisation.
Une vulgarisation adaptée aux jeunes enfants ?
L’histoire s’adresse aux enfants à partir de 4 ans. Je ne suis pas du tout experte de ce public, mais il me semble que l’histoire est suffisamment courte pour ne pas lasser les enfants. Les textes sont concis, avec des phrases simples allant à l’essentiel.
Le rythme est donné par les dialogues entre les différents personnages et le fait de lire les pensées de Sisyphe permet de s’identifier facilement à lui. Même à quasiment 28 ans, on est charmé par ce petit bousier qui se pose des questions, qui essaie de comprendre et de ne pas suivre bêtement ce qu’on lui impose.
Pour autant, pour ce qui est de la vulgarisation, si les grandes notions scientifiques (sur lesquelles je reviendrai ensuite) me semble claires et bien amenées, certains mots techniques ne sont, par contre, pas expliqués. Cela peut tout à fait être une volonté de l’auteure et si le but est de développer l’autonomie du lecteur afin qu’il aille se renseigner lui-même, l’objectif est louable. Malgré tout, le public cible sont les très jeunes enfants qui ne savent pas lire et leurs parents… Et je doute (mais peut-être que je me trompe) que les parents vont faire l’effort de chercher la signification des mots techniques avant de lire l’histoire. Sans parler des enfants…
Ne nous méprenons pas, je suis tout à fait pour la découverte des termes techniques, à condition que ces derniers soient expliqués.
Un album avec plusieurs niveaux de lecture
En mettant de côté ces remarques sur la vulgarisation scientifique en elle-même, je trouve que cet album livre en réalité plusieurs niveaux de lecture.
Je l’ai déjà dit, je ne suis pas experte des jeunes enfants et n’ayant pas de maternel.le.s sous la main, je ne peux pas parler à leur place. Pourtant, j’ai quand même une âme d’enfant et je me dis que les dessins assez simples, tout en arrondis et plein de couleurs amènent une certaine douceur à l’histoire. Ceci aide, comme je le disais, à s’attacher aux personnages. Et le récit rythmé donne envie d’en savoir plus, donc un premier niveau de lecture (plaisir) qui me semble réussi.
Ensuite, l’album interpelle les enfants qui voudront aller au-delà de l’histoire et des dessins, grâce à des grandes notions scientifiques diffusées dans l’album. Des notions très diverses :
- d’écologie : tous les animaux ont leur place et leurs rôles dans la nature. C’est ce qui permet de former un écosystème. L’être humain doit donc faire attention à ne pas supprimer une espèce au profit d’une autre. La sélection naturelle seule doit s’en charger.
- de zoologie : le rôle parfois méconnu et pourtant primordial du bousier.
- d’ouverture à l’esprit critique : l’histoire amène à se questionner. Faut-il forcément toujours faire ce que l’on nous demande ? Ne vaut-il mieux pas réfléchir par soi-même ?
- de choix : essayer au maximum de choisir comment on veut vivre (une belle phrase qu’il n’est pas toujours facile d’accomplir)…
Conclusion (Ce qu’il faut retenir)
Sisyphe le bousier qui en avait assez de rouler sa boule est le tout premier album jeunesse « scientifique » que je lis.
À travers le personnage de ce petit bousier, finalement très attachant, nous découvrons tout un écosystème insoupçonné. En effet, un tout petit être accompli en réalité des missions qui sont primordiales, notamment pour l’agriculture, et donc pour l’être humain.
Les dessins plein de couleurs et très sympathiques, ainsi que les dialogues, donnent du rythme à l’histoire et aident à s’attacher aux personnages. Finalement, nous soutenons la grève de Sisyphe et nous aimerions bien que son immense travail soit reconnu !
Malgré un bémol concernant la vulgarisation scientifique pure, le livre transmet des notions scientifiques et pourrait même être un support à l’apprentissage de l’esprit critique : « pense par toi-même et fais les choses par choix » !
[…] quatre de leurs ouvrages. Trois romans et un album pour les tout-petits (retrouvez ce dernier ici). Parmi les romans, il y en a notamment un de SF-Fantasy, qui est le premier tome d’une […]
[…] Ce que j’apprécie particulièrement avec ce roman, c’est qu’il nous emmène découvrir l’univers (très) vaste des sciences sociales ! L’auteur nous gâte en effet en nous proposant un large éventail de disciplines des SHS et c’est vraiment très enrichissant. Cela change des précédents romans édités par Lucca Éditions, qui concernaient différents domaines des sciences dites “dures”. Pour en savoir plus, retrouvez ma chronique de Sur La Route de Nosy Komba, La Veilleuse d’Âmes et Sisyphe. […]
thank you for clarifying this so wonderfully. good
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